dimanche 13 octobre 2013

En route pour l'Altiplano !!!... mais avant petit arrêt à San Miguel de Tucuman

Lundi 11 mars, je décide de prendre un bus pour le nord de l’Argentine en fin d’après-midi. J'ai donc le temps de faire une grasse matinée, une dernière toilette dans une salle de bain digne de ce nom et de récupérer mes habits fraîchement lavés. Bref, j'ai remis les compteurs à zéro et je suis toute neuve et prête pour partir à la conquête de l’Altiplano !

Mais ne nous emballons pas si vite ! Car c’est sans compter sur mes talents de galérienne qui resurgissent rapidement une fois sortie de chez Naty. Je suis toujours à Chacras de Coria et j'attends le bus qui me mènera à Mendoza. Je suis confiante car je l’ai pris hier pour visiter la ville.
Dans le bus, je suis amusée de voir tous ces collégiens portant les uniformes de leur école et leur tête blasée à l’idée d’y aller. Mais qui dit collégien, dit… bus scolaire ! Tout à coup, je réalise que le trajet est différent de celui de la veille et que je ne suis pas dans le même bus ! Voilà, ça m'apprendra à me moquer :)
Heureusement, un passager m'indique où m'arrêter pour être au plus près du centre-ville. C’est dans ces moments-là que j'apprends à mes dépens que la notion de distance est relative. Car, je me retrouve près du centre ville de Mendoza, à quelque chose comme trois-quarts d’heure de marche !

Allez, c’est parti et puis, au point où j'en suis, ce n’est pas trois-quarts d’heure de marche qui vont m'effrayer ! Cette balade impromptue me donne l’occasion de découvrir d’autres quartiers de Mendoza et d’assister à l’effervescence citadine des lundis.

Me voici arrivée à la gare des bus. Je recherche celui qui me mènera dans l’Altiplano. Quand j'étais en France et que je rêvais de ce voyage, l’Altiplano, tout comme la Patagonie argentine, faisait parti des lieux que je me languissais de découvrir ! Pour la Patagonie, c’est fait ! Maintenant, place à l’Altiplano !
Mais quand je me renseigne sur le nombre d’heures de trajet pour se rendre dans l’Altiplano, je réalise à quel point  le nord de l’Argentine est vaste ! Je décide donc de fractionner le trajet et de m’arrêter à San-Miguel de Tucuman. Mon bus part à 19h30. J'ai repéré un grand parc près de la gare de bus : ce sera plus sympa pour attendre l’heure du départ. Mais une fois arrivée, les lieux ont été laissés à l’abandon et sont mal fréquentés.
Je retourne à la gare de bus pour de longues heures d’attente… Je pars acheter des magazines. Dans la librairie, en se penchant sur les magazines, je sens une présence dans mon dos. Je me décale sur ma droite et la personne fait de même. Cela ne fait plus de doute : il s’agit bien d’un pickpocket ! Je me retourne brusquement et le pickpocket, pris de court, feint de s’intéresser à un magazine avant de prendre ses jambes à son cou ! Heureusement, il n’a pas eu le temps de passer à l’acte.

Il est 19h30 et me voici partie pour plus de 14h de route et pour passer la nuit dans un bus ! Le trajet se passe bien mais la nuit est fraîche et le sommeil est difficile à trouver en ayant froid et en respirant les délicieuses odeurs de pieds qui embaument l’air ambiant :)

Mardi 12 mars, 10h, j'arrive à San Miguel de Tucuman. Cette ville coloniale, dont les murs sont chauds et gorgés d’histoire, possède une âme. C’est indescriptible mais dès mes premiers pas, je ressens que ce lieu est le témoin d’une époque et que ses pierres en conservent tous les secrets. San Miguel de Tucuman est une ville fière du rôle majeur qu’elle a joué dans l’histoire de son pays. En effet, la Bataille de Tucuman des 24 et 25 septembre 1812 est la plus grande victoire de l’armée patriotique contre les colons espagnols de l’histoire de la Guerre pour l’Indépendance de l’Argentine. C’est la ville où les patriotes sont parvenus à repousser les colons de manière durable et conséquente.
Le 9 juillet 1816, San Miguel de Tucuman étant devenu le fief des patriotes, c’est tout naturellement son congrès qui proclame la Déclaration d’Indépendance du pays nommé dans un premier temps, las Provincias Unidas del Rio de la Plata (les Provinces unies du fleuve de la Plata) puis la Republica Argentina (République d’Argentine). C’est également en ce lieu que la Constitution d’Argentine est adoptée en 1819.



Je pars à la recherche d’un endroit où je passerai la nuit. Certains établissements référencés dans mon guide sont fermés et c’est un peu par hasard que je me rends dans l’hostal Juan Carlos Dominguez. Les lieux sont modestes, la literie n’est pas des plus confortables mais c’est propre et surtout le propriétaire est accueillant et très respectueux. Je peux lui laisser mes affaires sans crainte et partir à la découverte de San Miguel de Tucuman !


Mes pas me mènent ensuite à la Casa Historica de la Independencia (Maison historique de l’Indépendance) devant laquelle des panneaux expliquent l’histoire des monuments de la ville et quelques sculptures y sont entreposées ça et là.



La Casa Historica de la Independencia, classée monument national depuis 1941, abrite le Congrès, un musée, des archives de l’époque coloniale (photos, documents et articles de journaux de l’époque coloniale) et bien sûr, la fameuse Déclaration d’Indépendance ! Les lieux sont splendides et remplis d’émotion.


Dans le patio des hommages, un mur entier est recouvert de plaques de remerciements aux Libérateurs offertes par les mairies des villes d’Argentine, des hôpitaux, des écoles, des associations, des corporations de métiers, des communautés étrangères,… Le mur est totalement recouvert de plaques qui sont en soit de véritables œuvres d’art (bois travaillé par un ébéniste, sculptures de fer réalisées par un ferronnier, gravures,…).



Deux autres murs reconstituent deux scènes historiques. Le premier est consacré à la Révolution de Mai, quand les Argentins décidèrent, le 25 mai 1810, d’être indépendants de fait à l'égard de l’Espagne.


Et le second offre une reproduction de la proclamation de la Déclaration d’Indépendance le 9 juillet 1816.


Sortie de la Casa Historica de la Independencia, je me promène dans le centre-ville à la recherche d’un lieu où je pourrai manger un morceau. Aussi étrange que cela puisse paraître c’est à la Biblioteca Popular Alberdi (Bibliothèque Populaire Alberdi) que je m'arrête pour dîner. Située face à une université, cette bibliothèque qui porte le nom d’un théoricien diplomate Argentin né à San Miguel de Tucuman (Juan Bautista Alberdi) fait également office de restaurant universitaire.



J'assiste aux défilés des professeurs qui se rejoignent ici pour corriger leurs copies et des étudiants qui viennent réviser. Des cours du soir y sont même organisés : ce soir, le thème abordé est l’obtention d’une reconnaissance de paternité. La salle est pleine à craquer, à croire que le sujet est un phénomène de société…

Après m'être attardée dans cette jolie bibliothèque, je découvrons San Miguel de Tucuman de nuit. Les illuminations de la Plaza Independencia (Place de l’Indépendance) sont sublimes. Mon attention se porte sur l’impressionnante Casa de Gobierno (Maison du Gouvernement).


A deux pas, se trouve également la très jolie Iglesia Catedral où les gens affluent de tout côté pour assister à la messe du soir pendant cette période de Carême.




Après ce petit tour d’horizon, je décide de rejoindre mon hôtel, mais euh… où est mon hôtel ? Je tourne et retourne dans le quartier, les quartiers voisins et au final une bonne partie du centre de la ville :) Cela me permet de découvrir une autre facette de San Miguel de Tucuman, celle qui est moins plaisante que les vestiges de l’époque coloniale ou de l’Indépendance : c’est le quotidien de certains de ses habitants qui vivent dans ses rues sans rien, y compris des personnes âgées pour qui la pension vieillesse n’existe pas.
Je demande mon chemin à une mère accompagnée de sa fille qui m'indique surtout les rues par lesquelles il ne faut pas passer. De suite, ça met l’ambiance… Car, en effet, nombreuses sont les rues qui, une fois la nuit tombée, se transforment en lieux de trafic en tout genre. Je remarque un junky dans un coin de la rue qui se brûle le visage avec un briquet. Je me dis qu’il est vraiment temps de rentrer à l’hôtel.

Et je vous rassurons, j'y suis parvenue. Le personnel de l’hostal Juan Carlos Dominguez est toujours autant adorable. Je rejoins ma chambre mais je ne dormirai pas à poing fermé cette nuit. Il est difficile de trouver le sommeil quand dehors des personnes de plus de 80 ans, à bout de force, parviennent à peine à tenir leur gobelet et à parler pour demander un peu d’argent. J'ai donné ce que j'avais sur moi, autrement dit pas grand-chose pour améliorer leur condition. J'y repense et j'ai juste envie de pleurer.

Mercredi 13 mars, le personnel de l’hostal Juan Carlos Dominguez accepte de garder mes affaires pour la journée et, avec beaucoup de gentillesse et de dévouement, le gardien m'affirme qu’il restera toute la journée à côté de mes affaires s’il le faut.
Je retourne à la Biblioteca Popular Alberdi pour prendre un petit déjeuner et sur la Plaza Independencia.




Puis je décide de faire quelques emplettes. Mon coéquipier achète l’emblème de San Miguel de Tucuman pour l’offrir à son collègue dont le grand-père est originaire de cette ville et pour ma part, je craque pour la Pachamama que j’offrirai à Audrey et Julien. La Pachamama est la Déesse Terre-mère pour les peuples Quechua et Aymara. Elle protège la famille de ceux qui l’honorent.

Les heures passent à toute vitesse et il est déjà temps de retourner à l’hôtel pour récupérer mon sac et rejoindre la gare des bus. Celle-ci possède un centre commercial et plus particulièrement un magasin de jouets qui retient mon attention. Sans mauvais jeux de mots, vous comprendrez pourquoi j'ai ris à la vu du jeu Monopolio.


Il est 18h40 et je prends un bus qui me mènera à Salta où je vais enfin découvrir l’Altiplano !

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