Las Torres del Paine : un paradis dans la Patagonie

Mercredi 20 février, 7h du matin, nous voilà partie pour Las Torres del Paine qui est un parc national de 181 000 hectares situé dans la cordillère des Andes. Ce parc tire son nom d`une montagne dont le plus haut de ses trois sommets culmine à 3 050 mètres. Les Tehuelches l`ont baptisée Las Torres del Paine, "Les Tours Bleues", car la montagne se reflète dans les eaux bleutés du lac Pehoé. 

Les richesses naturelles présentes au sein du parc (lacs, montagnes, forêts, glaciers, cavernes,...) font de ce lieu un véritable coin de paradis classé parmi les réserves figurant au patrimoine de l`humanité de l`UNESCO. Ce parc naturel est scindé en plusieurs territoires qui appartiennent respectivement à l`Etat chilien, à un particulier et à quelques Tehuelches qui y vivent en harmonie avec la nature.

Malgré la valeur inestimable de ce lieu et son classement au patrimoine de l`humanité de l`UNESCO, je suis atterrée d`apprendre que ce paradis risque de disparaître, englouti sous les eaux. En effet, l`actuel Président du Chili, Sebastian Pinera, justifie cette grave décision par la nécessité de construire un barrage hydroélectrique afin de produire l`énergie dont a besoin le pays et réduire ainsi, les coûts liés à son importation. Certains Chiliens doutent de la réalité du motif à l`origine de ce projet et affirment que certes, le barrage permettrait la production d`énergie mais que celui-ci est surtout destiné à créer un terrain propice à l`accueil d`une société minière qui appartient à l`un des membres de la famille du Président. De surcroît, le barrage hydroélectrique n`est pas l`unique mode de production d`énergie envisageable et l`installation d`éoliennes, entre autre, aurait le mérite de pourvoir aux besoins en énergie tout en conservant le parc naturel et en n`expropriant pas ses habitants. Certains Chiliens espèrent donc que ce projet ne sera pas mis en oeuvre avant les prochaines élections présidentielles et que le futur Président abandonnera cette idée. En connaissance de ce projet qui menace la pérennité du parc naturel, je mesure la chance qui m'est donnée de pouvoir le visiter !

Sur le trajet en direction de Las Torres del Paine, je fais une première halte dans la ville de Puerto Natales afin de profiter de la vue sur la cordillère des Andes et de récupérer Tatiana, ma guide brésilienne.

Je parcours 112 km au nord de la ville de Puerto Natales pour rejoindre l`entrée du parc naturel. L`entrée coûte un prix exorbitant : 18 000 pesos pour les touristes étrangers, 10 000 pesos pour les touristes venant d`Amérique latine et 3 000 pesos pour un ressortissant du Chili. Malheureusement, il est fréquent que les prix soient plus élevés pour les touristes et je n`ai d`autre choix que de payer le prix fort.

Je m'arrête quelques kilomètres plus tard, au centre des visiteurs qui propose tout un tas d`informations très intéressantes sur la faune et la flore du parc. Je m'attarde un instant dans la boutique du centre ou de grosses statuettes d`indiens sculptées dans le bois attirent notre attention. En tentant de les soulever, le buste devient amovible et les jambes demeurent posées sur le sol. Par cet effet de levier, l`anatomie de ces indiens farceurs surgit, d'un coup !!! Surprise et fous rires garantis ! Je ne peux résister à l`envie de soulever plusieurs indiens au grand désarroi de mon coéquipier qui est de plus en plus gêné, ce qui ne fait que rendre la situation de plus en plus amusante :)

Tout autour du centre, je profite déjà de la beauté des lieux et de la quiétude qui y règne. Au loin, les fameuses Torres del Paine se dressent devant moi.

Je roule à travers le parc et aperçois tantôt un guanaco, tantôt un gaucho (cow-boy d`Amérique latine) qui se déplace avec son troupeau de moutons pour l`amener paître sur d`autres terres, se faire tondre ou bien encore se faire vacciner.

J'emprunte des sentiers bordés par la lagune Amarga dont l`eau est naturellement pure. En effet, sur  une échelle de 1 à 10, son pH s`élève à 9 pour atteindre parfois 10 à certaines périodes de l`année.

Je poursuis ma route jusqu'aux Massifs bleus de Las Torres del Paine qui m'offrent un spectacle à couper le souffle ! Ces massifs se sont créés à partir de la pression générée par les plaques terrestres qui s`entrechoquent. Ces mouvements de plaques continuels pendant des milliards d`années firent jaillir et grandir les Massifs bleus. Il est possible d`apercevoir la coulée d`un glacier dans le creux de la montagne ! C`est impressionnant d`assister à des manifestations de la nature autant grandioses. Je me sens être bien peu de chose à côté de cela.

J'arpente les sentiers du parc jusqu'à fouler les terres brûlées par deux incendies consécutifs en 2002 et 2007 causés par des visiteurs qui ont eu la brillante idée de faire une grillade. Ces incendies ont ravagé des milliers d`hectares et des pompiers venus du monde entier, y compris de la France, se sont mobilisés pour faire face à ce fléau. Malheureusement, les dégâts sont énormes et la nature ayant besoin de temps pour se reconstruire, les traces de ces deux incendies sont aujourd'hui encore visibles.

Je rejoins d`autres terres plus accueillantes avec des paysages qui rivalisent de beauté. Je me rapproche du plus haut sommet de Las Torres del Paine. Sur mon trajet, j'ai la surprise de découvrir une cascade. Au-dessus de la cascade, les plus haut sommet de la montagne apparaît enfin sous mes yeux ! Pus que jamais ce lieu est un véritable paradis !

Je poursuis ma route à travers une forêt. Je me retrouve face au lac Grey que je traverse à l`aide d`un pont suspendu. Après avoir parcouru quelques mètres de plus à travers la forêt, l`horizon se dégage pour laisser place à une plage. Et là, c`est à peine croyable des morceaux de glacier flottent tout au long de cette plage. En longeant cette plage, j'aperçois le glacier d`ou proviennent les divers morceaux qui flottent à nos pieds. C`est splendide ! 

 

Je termine cette merveilleuse journée au sein du parc naturel Las Torres del Paine par la visite de la Cueva del Milodon (Caverne du Milodon). Cette caverne est immense, très profonde et abritait, à l`époque préhistorique, un Milodon qui est l`ancêtre commun des ours. C`est une vaste demeure de 200 mètres de long, froide et austère. En la parcourant, je me dis que l`homme préhistorique qui osait s`y aventurer devait probablement finir en bifteck pour Milodon. Pourtant des traces d'habitations humaines ont été retrouvées au sein de la caverne.

La visite terminée, me voilà de retour en ville. Je ne continue pas la route jusqu'à Punta Arenas et préfère rester à Puerto Natales afin de découvrir une nouvelle ville et me diriger plus facilement vers ma prochaine destination : la ville de El Calafate en Argentine. Ma guide, Tatiana, reste également à Puerto Natales. Elle me propose son aide pour trouver une auberge de jeunesse à un prix raisonnable ainsi qu`une compagnie de bus pour organiser mon départ pour El Calafate. J'apprécie beaucoup la gentillesse et la disponibilité de Tatiana qui après une journée de travail bien remplie, passe plus d`une heure en ma compagnie pour s`assurer que j'aurai bien un toit au-dessus de ma tête cette nuit. Une fois l`auberge trouvée, l`Hostel Natalys, j'invite Tatiana à boire quelques bières en ma compagnie. C`est une très bonne soirée qui commence !  

Demain, je patirai à la découverte de Puerto Natales !