mardi 26 mars 2013

Punta Arenas : premiers pas dans la Patagonie du Chili !


Lundi 18 février, je me languis de quitter Rio Gallegos. Mon bus part à 13h mais cela fait déjà plus d`une heure que je suis à la station de bus en train de patienter ! Celui-là, je ne veux surtout pas le rater ! 
Pendant ce temps, deux Chiliens jouent au foot à deux pas de moi. Mais un chien errant décide de prendre part au match et tente de se sauver avec le ballon. La situation est comique et les Chiliens qui courent après le chien pour récupérer le ballon en rient autant que moi :) C`est ainsi qu`une petite discussion s`engage. Les Chiliens me recommandent vivement, une fois arrivée à Punta Arenas, de me rendre à Las Torres del Paine qui est un parc national dont la visite est incontournable ! J'écoute leurs conseils avec beaucoup d`attention car, mon passage dans la Patagonie du Chili n`étant pas prévue au programme initial, je ne sais pas encore ce que je ferai là-bas.
Il est 13h et me voilà partie pour le Chili !

Après 5 h de route et un arrêt à la frontière, je pénètre enfin dans le Chili et roule à travers la province de Magellan qui est située à l`extrême sud du pays. Cette province, proche de la Terre de feu et de l`Antartique, est formée de plusieurs terres morcelées et découpées par le détroit de Magellan. Ces terres se retrouvent enclavées entre l`océan pacifique et la cordillère des Andes à l`ouest et l`océan atlantique à l`est. La province de Magellan est donc séparée du reste du Chili par une partie de la cordillère des Andes qui est inhabitée et qui abrite plusieurs parcs nationaux. Par conséquent, le Chilien qui souhaite se rendre dans le centre de son pays doit contourner la cordillère des Andes, soit par la mer en naviguant sur l`océan pacifique, soit par la route en traversant une partie de l`Argentine.
Il est 18h et j'arrive à Punta Arenas. Cette ville, située face au détroit de Magellan et dos à une colline, compte 121 000 habitants. Elle s`est fortement développée à la fin du XIXe et au début du XXe siècles grâce au commerce de la laine. Les forages de gaz et de pétrole sont également une source de richesse pour la ville et pour la province.



Dès mes premiers pas,  je suis surprise par le froid et le vent qui me piquent le visage ! Mais ou est passé l`été ??? Je n`ose pas imaginer quelles sont les températures en hiver dans cette province du Chili. Mon attention se porte également sur les installations électriques qui forment un joyeux méli-mélo de fils électriques. 


Je rejoins l`auberge de jeunesse Ainil dans laquelle j'ai réservé une chambre. A mon arrivée, je suis accueillie par une charmante mamie qui m'explique que toutes les chambres sont déjà prises : en réalité, plusieurs réservations en ligne ont été enregistrées sur des chambres identiques. Très gênée, elle s`excuse pour cet incident et me propose d`être accompagnée à l`auberge Keoken tenue par sa belle-fille. C`est avec plaisir que j'accepte.

Vous avez peut-être remarqué le caractère particulier des noms des auberges de jeunesse : Ainil et Keoken. En fait, ce sont des noms d`origine Tehuelche. Ces autochtones vivaient en grand nombre dans la région de Magellan avant d`être colonisés par les Espagnols. En s`emparant de leurs terres, les colons ont convertis les Tehuelches au Christianisme et leur ont appris les règles de l`éducation occidentale. En contrepartie, les Tehuelches devaient donner aux colons une partie de leur récolte, leur chasse et leur artisanat. La nourriture devenant moins importante pour les Tehuelches, ceux-ci se sont affaiblis et leur nombre a diminué au fil des années. Les opposants à la colonisation furent, quant à eux, massacrés. Outre le manque de nourriture et les massacres, l`alcool fit également des ravages au sein de cette population. En effet, les colons fournissaient de l`alcool aux Tehuelches qui en consommaient énormément pour compenser le manque de nourriture, résister aux hivers glaciaux et pour le plaisir de l`ivresse qui leur permettait d`entrer en contact avec leurs dieux. Mais l`alcool eut pour effet d`écourter leur espérance de vie et de causer des rixes entre Tehuelches qui se résolvaient à la machette ou au couteau. Voilà comment les Tehuelches furent réduits à une poignée d`hommes.
Aujourd'hui, la culture Tehuelche fait partie du folklore que la ville de Punta Arenas met en avant pour séduire les touristes. Je vous avoue que mes sentiments sont partagés quant à cette exploitation touristique. D'un côté, je m'estime chanceuse de pouvoir découvrir la culture Tehuelche et je pense qu`il est important de parler de la manière dont cette population s`est éteinte. Mais de l`autre, je trouve indécent d`utiliser cette culture pour générer des revenus sur le dos d`une population qui a été décimée. Si l`histoire de ce peuple vous intéresse, je vous recommande de lire "Les indiens tehuelches, une race qui disparaît" de Ramon Lista. Cette oeuvre fut écrite en 1894 par un explorateur. L`auteur témoigne de la détresse des Tehuelches et du sentiment d`impuissance qu`il ressent en vivant à leur côté.

Me voici donc à l`auberge Keoken ou je suis, une fois de plus, très bien accueillie. La  gérante est vraiment soucieuse de satisfaire ses clients. Elle m'accorde beaucoup de temps pour m'aider à définir le programme de mon séjour. Elle téléphone à plusieurs agences pour me donner toutes les possibilités qui s`offrent à moi ainsi que les prix des excursions. Je choisis de visiter Las Torres del Paine après-demain. Comme je veux ensuite rejoindre la ville de El Calafate en Argentine pour contempler le glacier Perito Moreno, la gérante me conseille de rester à Puerto Natales à la fin de l`excursion. En effet, cette ville se situant au nord de Punta Arenas, j'aurai ainsi parcouru quelques kilomètres supplémentaires vers ma destination.
Une fois la visite de Las Torres del Paine organisée, je pars faire quelques courses dans un supermarché pour préparer mon repas du soir. Après avoir dîné, une jeune Chilienne qui me voit faire la vaisselle s`approche de moi et me demande avec un air hautain ce que je compte lui préparer pour manger ce soir. En voyant mon étonnement, elle réalise rapidement qu`elle fait erreur sur la personne et que je ne suis pas sa domestique. Je ris de cette confusion même si j`apprécie moyennement l`attitude méprisante qu`elle a eu envers moi.

Mardi 19 février, je commence la journée par un bon petit déjeuner en compagnie d`autres résidents de l`auberge, deux Chiliennes et un Anglais, avec qui j'échange sur nos parcours respectifs. Je pars ensuite déposer mon sac dans une autre auberge ou je passerai ma seconde nuit : l`Hostel Tatys tout aussi confortable que le précédent. Les modalités pratiques étant réglées, il est temps de partir à la découverte de la ville de Punta Arenas. Il fait toujours aussi froid et le vent est glacial. Malgré cela, je pars me promener sur les rives du détroit de Magellan. Malgré le froid, ce lieux entre terres et mers est sublime ! C`est aussi un lieu stratégique car le détroit a des embouchures à la fois sur l`océan atlantique et sur l`océan pacifique. Ainsi, il permet aux Chiliens de rejoindre l`océan atlantique et réciproquement, aux Argentins de rejoindre l`océan pacifique.


Au cours de ma promenade, je rencontre plusieurs colonies de cormorans qui ont envahi les pontons du front de mer. Je suis impressionnée par la masse d`oiseaux agglutinés sur le ponton !


Je continue notre route en direction du centre-ville. Le front de mer est de plus en plus bétonné et perd le charme propre au détroit de Magellan.


Une fois arrivée au centre ville, je me rends sur la Place d`armes ou trône une statut de Magellan représenté tel un conquérant. Cette place accueille un marché artisanal charmant composé de plusieurs roulottes. Je flâne de roulotte en roulotte.



Autour de moi, j'aperçois une église ainsi que la maison du gouverneur de la province.



Je continue ma visite de la ville de Punta Arenas et je m'attarde quelques temps dans un musée situé face à une petite université. C`est l`occasion pour moi d`en apprendre davantage sur les us et coutumes des autochtones et sur les relations qu'ils ont entretenues avec les colons. 


Je m'éloigne du centre-ville pour rejoindre les hauteurs de la ville. Dans les montées, j'observe les maisons construites avec de la tôle ou des plaques d`aluminium. A première vue, certaines maisons paraissent construites en béton ou en bois car elles sont recouvertes d`un revêtement avec divers motifs : bois, briques, ... Le choix de matériaux légers présente plusieurs intérêts pour les Chiliens. D`une part, la construction d`une maison est moins onéreuse et plus rapide ; et d`autre part, la structure absorbe plus facilement les secousses liées aux tremblements de terre sans risquer de s`effondrer.



Arrivée au sommet de la colline, j'admire la vue qui s`offre à mois ! Je suis ravie de  mon détour par le sud du Chili :)



Je termine ma journée dans un petit restaurant excentré du centre ville et tenu par trois générations de femme d`une même famille. La mamie, bien que trop âgée pour cuisiner, reste présente en cuisine auprès de sa fille et de sa petite-fille. L`endroit est chaleureux et dispose d`une cuisine ouverte sur la salle, ce qui me permet de profiter de l`ambiance familiale des lieux. Je goûte la bière locale, la "cerveza Austral", qui est fabriquée à Punta Arenas et je me laisse tenter par de délicieuses soupes chiliennes.

Malheureusement, il est déjà temps de rejoindre l`auberge de jeunesse pour dormir car le départ pour Las Torres del Paine étant prévu pour 7h du matin, je sens que le réveil va être difficile !

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