dimanche 9 juin 2013

Santiago : une capitale incomprise...

Dimanche 3 mars, je me réveille très tôt dans le bus après avoir passé une nuit assez inconfortable. Il est 7h30 et j'arrive à Concepcion où je change de bus pour poursuivre mon trajet vers Santiago. A cette heure-ci, je sens déjà qu’une journée chaude et ensoleillée m'attend !

J'arrive à Santiago, la capitale du Chili, en fin d’après-midi. Cette capitale fait l’objet d’une controverse : nombreux sont ceux qui pensent qu’elle ne possède rien de particulier qui mériterait de s’y attarder et d’autres affirment qu’il serait bien dommage de venir au Chili sans visiter sa capitale.
Dès mes premiers pas, je constate que cette ville tire sa singularité du mélange des genres. En effet, de hauts et modernes buildings côtoient des édifices coloniaux pour donner naissance à une architecture complexe et surtout, digne d’intérêt.



La particularité de Santiago réside également dans le fait qu’elle se situe au pied de la cordillère des Andes. C’est incroyable d’être en pleine ville, de lever les yeux et d’apercevoir la seconde plus haute chaîne de montagne du monde, juste là, à quelques kilomètres !


Je pars de la gare des bus pour rejoindre el barrio Brasil (le quartier Brésil), quartier riche en bars, restaurants et hôtels où il fait bon vivre. Sur le trajet, je m'arrête devant une pharmacie où un homme revêtu d’un habit gonflable danse pour attirer l’attention des passants sur les promotions du magasin. Oui, ici et dans l’Amérique du sud en général, les pharmacies sont des magasins qui vendent tout et n’importe quoi (lingerie, boissons énergétiques, colorations capillaires) en plus de délivrer des médicaments ! Je poursuis ma route, carte en main, vers el barrio Brasil quand un chilien me propose son aide pour m'expliquer le chemin à suivre.
Arrivée à destination, je décide de poser mon sac à l’hôtel Los Arcos. Le bâtiment de type colonial est magnifique et possède un patio très agréable. Malheureusement, le personnel est antipathique et avare de politesse.


Après une douche bien méritée, je pars me promener dans el barrio Brasil. Il est à peine 20 heures et je croise déjà des personnes bien éméchées dans les rues du quartier. Je rentre dans un bar-snack qui possède un juke box diffusant également les clips des chansons sélectionnées. Soudainement, durant le dîner, mes oreilles se dressent et je reconnais l’effroyable musique que j'entends. Je n’en reviens pas, c’est bien Marco Antonio Solis ! Il me poursuit !!! Je vous laisse apprécier la douce et mielleuse musique qui a failli me causer une indigestion. Vous constaterez également que le clip fait partie de ces œuvres d’art qui méritent largement leur place dans un bêtisier.


Après m'être amusée avec le juke box et tenté de relever le niveau musical de la soirée (j'ai ouvert le porte-monnaie pour écouter un peu de Red Hot), je rejoins mon hôtel.

Lundi 4 mars, je décide de changer d’hôtel pour me rendre dans une auberge de jeunesse. Avant de partir, je demande au personnel de Los Arcos si je peux lui laisser mon sac et le récupérer en fin d’après-midi. Le personnel, toujours autant aimable, m'explique que ce service est payant. Ceci suffit à me convaincre : je vais immédiatement chercher une auberge de jeunesse et y laisser mon sac. Ma recherche me mène à La Casa Roja qui est un bâtiment tout aussi beau que le précédent ! L’auberge de jeunesse est immense ! Tout au fond du couloir, j'aperçois un grand jardin, une piscine, une table de ping-pong, un bar,… Mais pas le temps de m'y attarder, je préfère découvrir Santiago.

Je pars en direction du célèbre marché central de Santiago qui est un marché couvert où il est possible d’acheter du poisson frais, des crustacés et des fruits de mer ou de les déguster à la table d’un restaurant.
Sur le chemin, j'aperçois la tour Entel, symbole de la ville. Cette tour de télécommunication mesurant 127,35 mètres et conçue pour résister aux plus forts séismes, a longtemps été l’édifice le plus élevé du Chili.



Me voici devant le marché central. Vu de l’extérieur, ce marché couvert ressemble davantage à une galerie marchande. Mais une fois à l’intérieur, c’est une véritable fourmilière ! Les vendeurs de poissons hurlent comme des… poissonniers (c’est bien le cas de le dire) et c’est la « guerre » entre les différents serveurs qui s’empressent de mettre la main sur le premier touriste qui passe ! En dehors de cette ambiance un peu oppressante, l’endroit est intéressant à découvrir.



Nous nous régalons aussi de poissons frais et de crustacés !


Mes pas me mènent ensuite à la Cathédrale métropolitaine appelée également la Cathédrale de l’Assomption de la très sainte Vierge. Ce vaste édifice est le siège de l’archidiocèse de Santiago du Chili, une des cinq provinces ecclésiastiques du pays.


Au hasard de ma promenade, je traverse une place où il est amusant de constater que des Chiliens ont trouvé une solution simple et efficace pour supporter la chaleur : se baigner dans les fontaines publiques !



Je poursuis ma balade par l’ascension du Cerro Santa Lucia (Mont Sainte Lucie), qui est un havre de paix construit en 1875 au cœur d’une capitale bien agitée. C’est un vrai bonheur de trouver un peu d’ombre et de fraîcheur au pied de la Terraza Neptuno (Terrasse de Neptune).



Le site offre également une vue exceptionnelle sur la capitale.


Le Cerro Santa Lucia n'est pas l'unique mont de Santiago. La ville recèle un autre havre de paix au nord du fleuve Mapocho et au cœur du parc botanique, el Parque Metropolitano : le Cerro San Cristobal. Celui-ci est accessible à l'aide d'un téléphérique. Malheureusement, ce dernier est fermé au public pour des travaux de maintenance.

Je me console en dégustant un Mote con huesillos sur la place Caupolican. Cette saveur typiquement chilienne est qualifiée de boisson, par certains, ou de dessert, par d'autres. Elle se compose d'eau, de cannelle, de blé cuit  (mote de trigo) et de pêches séchées au soleil (los huesillos). Elle se déguste traditionnellement en milieu d'après-midi. Son aspect esthétique n'est pas très attrayant mais j'aurais eu tort de me cantonner à cela car c'est délicieux et très rafraîchissant !

Désaltérée, je repars du bon pied pour arpenter les rues de Santiago et plus particulièrement, du quartier Bellavista. Ce quartier est un lieu d'expression artistique où les façades sont peintes de couleurs vives et agrémentées de fresques. C'est aussi le quartier où les étudiants et jeunes actifs se donnent rendez-vous en fin d'après-midi pour boire un verre (ou deux, ou trois,...).




La fin de journée approchant, je décide de traverser le centre ville pour rejoindre el barrio Brasil où je dois passer la nuit. En chemin, je m'attarde dans un marché artisanal où je trouve le cadeau idéal pour une amie : une statuette que j'ai surnommée "l'indien farceur". Cette amie, également pourvue d'un charmant surnom, pourra constater que l'indien et elle ont des points communs :).



Me voici donc de retour dans le centre-ville de Santiago et mes pas me mènent devant la Maison du gouvernement appelée el Palacio de la Moneda (le Palais de la Monnaie). Ce monument n'est pas uniquement une bâtisse ministérielle, c'est aussi le symbole du coup d'Etat mené par le Général Augusto Pinochet et le témoin d'un événement traumatisant qui a marqué la population de Santiago et l'histoire du Chili.


En effet, le 11 septembre 1973, le Général Augusto Pinochet ordonne à l'armée de terre d'assiéger el Palacio de la Moneda pour menacer de mort le Président Salvador Allende et sa famille s'il refuse de quitter la Présidence. Ce dernier refuse de se plier à cette menace et fait évacuer sa famille ainsi que le personnel présent. Néanmoins, quelques heures plus tard, le Président fait un discours à la radio pour annoncer l'abandon de la Présidence. Il proclame son discours fusil à la main pour assurer sa propre protection.
Bien que le pouvoir en place ait été renversé, le Général Augusto Pinochet poursuit son coup d'Etat et ordonne à deux avions de chasse de la flotte aérienne nationale de bombarder el Palacio de la Moneda. Le Président est retrouvé sans vie. Officiellement, il se serait donné la mort avec une arme automatique qui lui avait été offerte par Fidel Castro et ce, avant le commencement du bombardement.
C'est très étrange de se retrouver devant el Palacio de la Moneda et d'observer les habitants de Santiago aller et venir devant ce monument sans y prêter aucune attention. Ces événements se sont déroulés il y a 40 ans et certaines personnes autour de moi l'ont vécu.

Quand je discutons avec des Chiliens d'Augusto Pinochet, nombreux sont ceux qui réprouvent totalement ses méthodes et affirment, sans trop de détails, que les 16 années de dictature (1973-1990) ont été terribles. En effet, selon un rapport remis au Président Ricardo Lagos dans les années 2000, la dictature aurait fait 3 197 morts et disparus. Près de 150 000 personnes auraient été emprisonnées pour des motifs politiques et 27 255 personnes torturées. Il n'en demeure pas moins que de nombreux Chiliens reconnaissent que c'est Augusto Pinochet qui est à l'origine du modèle économique de leur pays qui est aujourd'hui le plus stable d'Amérique du sud.

Cette visite de Santiago s’achève dans le restaurant mexicain "Plaza Garibaldi" où Ruben Albarran, chanteur principal du groupe mexicain Café Tacuba, est déjà venu se restaurer, à en croire les photos qui sont accrochées au mur.

La richesse historique, architecturale et culturelle de Santiago me laisse penser que les critiques formulées à son encontre sont assez injustes. Santiago vaut la peine d’être visitée ! Je suis tellement ravie de cette visite que je décide de rester au Chili quelques jours supplémentaires et de rejoindre demain les villes du Pacifique : Vina del Mar et Valparaiso !

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