vendredi 22 août 2014

Atacama : on y laisse sa peau… mais on est content !

Mercredi 20 mars, au réveil, je me languis de repartir dans le désert d’Atacama et d’en découvrir davantage, encore et toujours ! La découverte de l’inconnu a quelque chose d’addictif et à presque deux mois de voyage, je crois que j'atteins le summum de cette addiction.
Au moment de sortir de l’hostal Miskanty, je croise une employée très sympathique qui, tout en préparant sa fille pour l’école, me confirme que je peux occuper la chambre une nuit supplémentaire et bénéficier d’un prix réduit comme pour la nuit précédente. La journée commence merveilleusement bien :)

Je pars m'adonner à mon rituel quotidien pour faire le plein d’énergie : boire un maxi jus de fruits frais ! Les journées passent et chacune d’elles commence, le plus souvent, dans un lieu différent et d’une manière différente. Donc, lorsque ma journée débute de la même manière deux jours de suite, c'est suffisant pour que ce soit rituel !


Aujourd'hui, je traverserai la Vallée de la lune en vélo. J'ai repéré la veille un magasin de location de vélos mais, comme à mon habitude, je ne le retrouve pas. Ceux qui connaissent San Pedro de Atacama peuvent imaginer à quel point il faut être dénué de tout sens de l’orientation pour ne pas être capable de se repérer dans ce village ! A ma décharge, la chaleur est écrasante et anesthésie toutes mes facultés mentales (on fait ce qu’on peut pour se trouver des excuses) !


Je trouve des vélos chez Coyote Bike et je me dirige vers la sortie du village. Une fois de plus, le volcan Licancabur m'accompagne dans ce périple et se tient à mes côtés. Une vingtaine de kilomètres plus tard, je rejoins une des vallées les plus connues de ce désert : la Vallée de la lune. Cette vallée tire son nom de la particularité de sa surface stratifiée semblable à celle de la lune.


Je pédale à travers la Vallée de la lune et tente des changements de direction dans le sable, ce qui me vaut de me vautrer avec grâce, les pédales bloquées par le sable :) Allez, on se relève et on continue à pédaler !



Je dépose mon vélo près d’un canyon. Ses roches forment des voûtes dans lesquelles je m'engouffre à l’aveugle (au sens figuré comme au sens propre).



Une fois la lumière du jour retrouvée, je crapahute pour rejoindre le sommet de la voûte du canyon. De là, je réalise à quel point la vallée est vaste : elle s’étend à perte de vue et son immensité me donne une sensation indescriptible, à mi-chemin entre le vertige et la sérénité.
Sous mes pieds, le sol est un mélange de terre et de sel qui craque sous mes pas.



Je reprends mon vélo et roule, roule, roule sans ne jamais rencontrer personne. A croire qu’en cette après-midi d’une chaleur de plomb, il n’y a que moi qui suis assez folle pour prendre un vélo et partir dans le désert. D'ailleurs, même si je m'habitue à la chaleur, je sens bien que je me déshydrate à une vitesse record : ma peau tiraille et picote sous l’effet de la transpiration et de l’air ambiant gorgé de sel. Mais cela en vaut tellement la peine !



Sur mon passage se dresse l’amphithéâtre qui est une montagne de terre et de sel, aplanie au fil des années, par le vent et par le mouvement des plaques.



Puis, je croise (enfin !!!) un couple qui parcourt également la vallée de la lune en vélo. Il me recommande de ne pas hésiter à aller jusqu'au fond de la vallée : il s’y dresse une mine de sel dont la découverte vaut le détour :) Sur ces bons conseils, nous échangeons quelques encouragements et nos routes se séparent.
Cela fait maintenant plus de 3 heures que je roule à travers la vallée et je n’ai déjà plus d’eau. Il faut dire que je suis partie léger et quand j'écris cela, je réalise à quel point j'ai été inconsciente. Mais très probablement, un minimum (voire une bonne dose) d’inconscience est nécessaire dans ce genre de voyage, pour oser se lancer, se laisser porter et apprécier pleinement chaque instant.
Je suis maintenant face aux Tres Marias. Il y a un million d’années, ces trois colonnes se sont formées suite à l’érosion du bloc de terre, de sel et de quartz dont elles faisaient parties. Les Atacamenos pensent que ces trois colonnes sont apparues telles trois Vierges afin de veiller sur la vallée. Ceci leur vaudra d’être également appelées Los Vigilantes. Ces trois colonnes sont toujours présentes un million d’années plus tard et ont résisté aux effets du temps et à l’aridité du désert. Malheureusement, l’une d’entre elles n’a pas résisté à l’idiotie de l’Homme : le vent, le mouvement des plaques et l’érosion ne seront pas parvenus à la faire s’effondrer. C’est bien un touriste qui a jugé bon de vérifier sa solidité qui est à l’origine de sa disparition. Cela fait réfléchir… et j'imagine facilement la colère qu’ont du ressentir les Atacamenos face à ce gâchis !



Je suis désormais tout au bout de la vallée. Un sentier de pierre se tient à ma gauche et me mène à la mine de sel. Le sentier n’est pas une partie de plaisir pour mon postérieur qui souffre de toutes les secousses causées par les caillasses se trouvant sur le sol. Mais au bout du sentier, la mine de sel est magnifique ! Le sel s’est cristallisé par absence d’humidité et se retrouve emprisonné dans la terre.




Ce lieu est magique et me donne la sensation d’être au bout du monde !




L’heure tourne et il faut enfourcher son vélo pour déguerpir de la vallée avant d’être assaillie par des minibus remplis de touristes qui attendent la fin d’après-midi pour pointer le bout de leur nez dehors.

Sortie de la vallée, je veux profiter un maximum de cette journée de découverte du désert. Non loin de moi, à 10 km de San Pedro de Atacama, se trouvent les ruines d’un village précolombien prénommé Aldea de Tulor. C’est un père jésuite d’origine belge, Gustavo Le Paige, qui a réalisé des fouilles à la fin des années 50, aboutissant à l’incroyable découverte de ce site. Il faut à tout prix que j'y aille !!!
Sur le chemin, je passe devant une propriété où des lamas se trouvent dans des enclos. Le portail étant grand ouvert, je me sens invitée à y pénétrer et profite de quelques instants en compagnie des lamas. C’est étonnant de voir à quel point leur visage est expressif : certains paraissent apprécier ma présence et d’autres semblent contrariés. Quoi qu’il en soit, il va falloir reprendre la route car en rentrant dans la propriété, une petite fille m'a aperçue, a vite abandonné son vélo pour aller prévenir quelqu’un.



Je suis arrivée à Aldea de Tulor où une guide m'accompagne pour m'expliquer l’origine du site et veiller à ce que les visiteurs ne le dégradent pas. Les ruines ont incroyablement été bien conservées et les mesures déployées pour éviter que le vent ne les ensevelisse sous la terre sont considérables. Le nettoyage est réalisé à la main, ruine après ruine. Et ce n’est pas une mince affaire quand on sait que le village s’étend sur 5 600 m² et comprend 22 édifices !


Je peux même rentrer dans l’une des maisons du village. La maison est ouverte du côté du volcan Licancabur. Je m’imaginais que les indigènes priaient le volcan tel un Dieu et voyaient dans son réveil une marque de mécontentement mais il n’en est rien ! La guide m’explique que la vue sur le volcan a pour but de surveiller plus facilement une éventuelle éruption et donner l’alerte aux autres habitants. Ah oui… c’est aussi une bonne raison…



Je passe beaucoup de temps en compagnie de la guide avec qui il est très facile de discuter. Très gentiment, elle me propose de me désaltérer avant de reprendre la route. J'en profite aussi pour passer de l’eau sur mon visage. Mais quelle horrible sensation !!! J'ai l’impression que le sel absorbé par ma peau crépite sur mon visage au contact de l’eau !

10 km plus tard, me voici de retour à San Pedro de Atacama, les derniers kilomètres en vélo sont une véritable épreuve ! J'ai passé tellement de temps sur une selle de vélo que je marche comme un cowboy :) J'ai la surprise de découvrir un sémaphore qui indique l’intensité des UV et mon sentiment de cramer au soleil n’était pas qu’une impression !


Je finis cette journée bien remplie par la visite du musée archéologique qui expose une incroyable collection de poteries, armes, tissus, et autres accessoires de la vie quotidienne…de l’époque préhispanique trouvés à Atacama. Cette collection est incroyable ! Seule ombre au tableau : la momie autrefois exposée dans ce musée, a été retirée en 2007 pour en assurer sa préservation.



A la sortie du musée, il y a au marché artisanal un atelier de pyrogravure qu’il n’est possible d’observer qu’en portant un masque de soudeur. Si jusque là vous doutiez de la puissance du soleil à Atacama, je crois que vos doutes se dissipent… :)


Cette journée qui s’achève après un délicieux repas à « El Toconar » est probablement l’une des plus belles que j'ai vécue. J'y ai laissé ma peau (au sens propre du terme) mais c’est un modeste prix à payer pour découvrir les richesses d’Atacama ! Ainsi s’achève ma découverte du Chili par un final tout en beauté. Dès demain, une page se tourne dans cette incroyable aventure : aurevoir le Chili et bonjour la Bolivie !

mercredi 4 juin 2014

"El placer de servir" : paroles du poème de Gabriela Mistral


Au sommet du Pukara de Quitor, forteresse située à 3 km de San Pedro de Atacama, il est possible de lire un des poèmes de Gabriela Mistral gravé sur une dalle.

Toda naturaleza es un anhelo de servicio.
Sirve la nube, sirve el viento, sirve el surco.
Donde haya un arbol que plantar, plantalo tu ;
Donde haya un error que enmedar, enmiendalo tu ;
Donde haya un esfuerzo que todos esquivan, aceptalo tu.

Si el que aparta la piedra del camino, el odio entre los
corazones y las dificultades del problema.

Hay una alegria del ser sano y la de ser justo, pero hay,
sobre todo, la hermosa, la inmensa alegria de servir.
Que triste seria el mundo si todo estuviera hecho,
si no hubiera un rosal que plantar, una empresa que emprender.

Que no te llamen solamente los trabajos faciles.
Es tan bello hacer lo que otros esquuivan !
Pero no caigas en el error de que 
solo se hace merito con los grandes trabajos ;
hay pequenos servicios que son buenos servicios :
ordenar una mesa, ordenar unos libros, peinar una nina.

Aquel que critica, esté es el que destruye, tu sé el que sirve.
El servir no es faena de seres inferiores.
Dios que da el fruto y la luz, sirve.
Pudiera llamarse asi : "El que Sirve".

Y tiene sus ojos fijos en nuestras manos y nos
pregunta cada dia : Serviste hoy ? A quien ?
Al arbol, a tu amigo, a tu madre ?


(Pour une traduction en français, validez ci-dessous une langue étrangère, pour avoir ensuite la possibilité de sélectionner le français dans le menu déroulant)

vendredi 30 mai 2014

Le désert d'Atacama et... moi !

Mardi 19 mars, au réveil, je décampe rapidement de mon auberge pour rejoindre l’hostal Miskanty et la salle de bain de ma chambre ! Hier soir, c’était vraiment rude de s’endormir couverte de poussière et sans prendre de douche. Je pose mes affaires au Miskanty et prends une douche rapide mais appréciable. Dans un désert, l’eau c’est vital, il faut l’économiser !
Puis, je me rends dans un petit salon de thé, situé sur la place centrale, pour prendre un petit déjeuner qui me donnera l’énergie nécessaire pour partir à la découverte du désert. Requinquée, j'écume les points d’information et les offices de tourisme à la recherche d’infos.
Très vite, je m'aperçois que les agences ont le monopole des circuits touristiques et cherchent à me convaincre que l’aridité du désert ne permet pas de partir à sa découverte par ses propres moyens. Mais je n'ai pas dit mon dernier mot : mes pas fouleront la terre du désert d’Atacama ! Hors de question de le parcourir en mini bus ! Après avoir perdu ma matinée à écouter les propositions commerciales des agences, je vais me désaltérer une dernière fois parce que l’hydratation c’est important mais aussi parce que les maxi jus de fruits sont délicieux !

Me voilà remotivée et déterminée à me rendre dans le désert. Je ne sais pas par où commencer mais je vais déjà marcher jusqu’à la sortie de la ville. De là, je prends la direction du Pukara de Quitor (Forteresse de Quitor). Je n’ai passé que trois jours en ville, à San Salvador de Jujuy, mais je suis heureuse de retrouver de vastes étendues sauvages. Et le paysage est à la hauteur de mon attente : je marche au milieu de nulle part, les yeux rivés sur le volcan Licancabur.




Mon chemin passe devant « Mi ultimo refugio », le refuge d’un amoureux d’Atacama qui a construit son domicile au milieu de nulle part et n’en est jamais reparti.


Trois kilomètres plus tard, j'arrive au Pukara de Quitor. Cette forteresse, classée monument national, a été construite au XIIe siècle par les Atacamenos. Pour assurer leur sécurité, ils ont choisi une butte difficile d’accès. En effet, le Pukara de Quitor est protégé d’un côté par une falaise et de l’autre, par un mur. Occupée et renforcée par l’Inca, la forteresse a ensuite été assiégée par les colons espagnols en 1540. Ce sont donc des ruines restaurées depuis les années 80 et gérées par les communautés indigènes que je m'apprête à visiter.


La chaleur est écrasante et il n’y a pas foule pour visiter la forteresse. Je croise deux couples mais le site est immense alors je continue à apprécier la quiétude des lieux. J'interromps mon ascension de la butte pour apprécier la vue. Je ne sais pas si le terme « butte » est approprié, car je n’arrête pas de grimper. 



D'un côté, j'en aperçois un peu plus sur « Mi ultimo refugio ».


Et de l’autre, je constate les effets de la sécheresse sur la rivière San Pedro.


Le site m'offre également une vue imprenable sur la Vallée de la mort. Cette cordillère de sel a émergé il y a des millions d’années sous la poussée des plaques tectoniques. Sculptée par le vent et le désert, la vallée de la mort est un lieu difficilement praticable mais de toute beauté !



Me voilà au sommet face à l’un des murs originels de la forteresse, restauré dans les années 80.


Allez, il ne reste plus qu’à tout redescendre et reprendre le chemin de San Pedro de Atacama ! Sur le chemin, un paysan amène ses chevaux près de la rivière San Pedro pour qu’ils se désaltèrent.


De retour en ville, je reste sur ma lancée pour visiter l’église de San Pedro : toute blanche, de style colonial, elle est dotée d’une charpente en bois de caroubier et de cactus. Il reste sur les façades de longues coulées de terre dues aux pluies diluviennes des jours précédents.




En arpentant les rues de San Pedro de Atacama, mon chemin croise à nouveau celui du couple de Pau avec qui je pars siroter des cocktails de jus de fruit et dîner à l’excellent restaurant El Toconar. Je finis ma soirée en admirant le magnifique ciel étoilé d’Atacama.


mercredi 30 avril 2014

Troisième et dernière incursion au Chili : départ pour San Pedro de Atacama

Lundi 18 mars, le jour est venu de dire aurevoir à l’Argentine et de rejoindre pour la troisième et dernière fois le Chili.  Après mes premiers pas en terre chilienne sur les rives du détroit de Magellan, puis mon retour pour visiter la capitale chilienne et ses villes balnéaires, c’est San Pedro de Atacama et son mythique désert qui m'attendent maintenant !

San Pedro de Atacama est une étape clé de mon voyage. Tout comme le glacier Perito Moreno vu en Patagonie argentine, le désert d’Atacama a été le sujet de nombreuses discussions quand j'étais en France. Mais mes sentiments sont partagés (comme bien souvent au cours de mon périple) entre l’excitation de ce qui m'attend à ma prochaine étape et le pincement au cœur quand je me remémore les belles rencontres et les beaux moments laissés derrière moi.

Ce matin, je vais mieux et c’est bien heureux car je dois partir de San Salvador de Jujuy et voyager quelques heures en bus avant de rejoindre San Pedro de Atacama. Il est 8h, je suis à la gare des bus et mon bus part dans 45 minutes. Alors, mon coéquipier en profite pour acheter de quoi boire et manger pour le trajet.

Pendant, ce temps je garde nos sacs et je reste assise sur un banc à lire un quotidien argentin. J’observe discrètement les autres voyageurs assis à côté de moi et tous ceux qui vont et viennent dans cette gare. Je crois bien que je suis la seule touriste. La majorité des voyageurs portent des paquetages ficelés avec une corde en guise de bagage.
La gare est en ébullition. Les vendeurs de boissons portant leurs glacières à bout de bras sont très sollicités : il n’est qu’un peu plus de 8h et il fait déjà très chaud. D'autres vendeurs de journaux et de sandwichs fait-maison vont et viennent dans les allées, entre les bus, et montent même dans les bus desquels ils redescendent alors que celui-ci a déjà commencé à rouler. Toujours assise sur un banc, je suis sortie de mes pensées par une femme qui s’est plantée debout juste devant moi et même au plus près de moi. Elle me regarde de haut avec insistance. Je relève ma tête et la fixe de la même manière : je ne sais pas si c’est la bonne chose à faire mais je ne veux pas laisser la crainte s’installer. Je crois qu’elle s’interroge sur moi, qu’elle se demande si je suis une Argentine ou une touriste et je sens bien qu’elle attend que je prononce quelques mots pour le savoir. Mais je ne dis rien en soutenant toujours son regard et au bout de quelques secondes, qui m’ont semblé être de longues minutes, elle tourne les talons. 

8h45, mon bus arrive. Il est déjà rempli de touristes provenant de San Miguel de Tucuman ou de Salta. Apparemment, j'étais seule à faire une un point d’arrêt à San Salvador de Jujuy. Pendant, le trajet, un assistant du chauffeur donne des conseils aux passagers pour supporter l’altitude (rester calme, respirer lentement, mâcher de la coca,…). En effet, plus nous roulons, plus nous nous engouffrons dans l'altiplano et plus nous prenons de l’altitude.

Je laisse derrière moi les roches aux multiples couleurs nées de l’érosion des Andes et les vallées de Cactus qui, à en juger par la tête de mort présente sur de petits panneaux plantés ça et là, sont truffées de mines. Il ne ferait pas bon se promener dans cet endroit d’autant plus que les champs de mines ne sont pas clôturés et les panneaux les signalant sont plantés de façon très éparse.




Désormais, ces paysages laissent place aux Andes et à ses cols de montagne qui me mèneront à la frontière. Mais avant, le bus entame sa lente et longue ascension pour rouler à près de 6 000 mètres d’altitude.


Durant ce trajet, plusieurs passagers sont gênés par l’altitude et j'assiste à des scènes impressionnantes : malaise, crise d’épilepsie,… De suite, ça met l’ambiance ! Heureusement, les pertes de connaissance ne durent que peu de temps, mais je languis de finir cette ascension car je commence à psychoter et à épier du coin de l’œil ceux qui m'entourent dans la crainte d’assister, à tout moment, à un remake de l’Exorciste.
Les 6 000 mètres d’altitude étant atteints, la descente de l’autre versant de la montagne m'amène à la frontière séparant l’Argentine du Chili. Le paysage évolue progressivement vers des étendues arides et désertiques où je peux même percevoir au loin des mini-tornades.


Me voici arrivée à la frontière : aurevoir l’Argentine et bonjour le Chili ! Dans la file d’attente pour le contrôle des bagages, je plaisante avec un Américain pour décompresser de l’hécatombe à laquelle nous avons assistée dans le bus. Mais la plaisanterie est de courte durée : alors que l’assistant du chauffeur de bus demande à un passager d’avertir son collègue de ramener l’oxygène de toute urgence, une passagère s’effondre à mes pieds et sa tête percute violemment le sol. Elle est prise en charge très rapidement par le poste de secours de la frontière et revient à elle au bout de quelques secondes.



La bonne nouvelle est qu’il n’est pas nécessaire de remonter dans le bus pour finir le trajet. Depuis le poste de frontière, je peux rejoindre San Pedro de Atacama en 15 minutes de marche. Et une fois n’est pas coutume, je suis même en avance sur l’heure d’arrivée du bus !

Me voici aux portes de la ville. San Pedro de Atacama est une oasis dans le célèbre désert d’Atacama, le désert le plus aride du monde situé à 2 438 mètres d'altitude au pied de la cordillère des Andes et à quelques kilomètres de la Bolivie. Son nom est composé, à la fois, de celui du saint patron San Pedro et d’« Accatchca », mot issu de la langue Cunza, transformé au fil des années en Atacama. San Pedro de Atacama a été conquise par l’Inca en 1450, puis par les colons espagnols en 1540.
A l’entrée de la ville, mon chemin croise celui des habitants qui vivent dans des maisons en adobe. L’adobe est un mélange compact composé d’eau, d’argile, de sable et de fibreuses telle que la paille qui, une fois compressé, forme des briques. C’est donc un décor unique qui s’offre à moi et que je n’avais jamais vu auparavant.



Malgré l’authenticité des lieux, plus je m'approche du centre ville et plus je découvre une ville exclusivement touristique assiégée par les agences, les bureaux de change, les auberges de jeunesse, les hôtels, les restaurants et les magasins de souvenirs.



Nombreux sont les touristes qui ont pris la précaution de réserver une chambre. Vous ne serez pas étonnés d’apprendre que je n'ai rien réservé :). Avec un couple de Français originaire de Pau avec qui j'ai sympathisé dans le bus, nous arpentons les ruelles de San Pedro de Atacama à la recherche d’un endroit où passer la nuit. Rapidement, nous abandonnons l’idée de trouver une auberge qui pourrait nous accueillir tous ensemble.
De mon côté, je trouve une chambre mais celle-ci est très étroite (le lit occupe quasiment l’intégralité de la pièce) et les douches sont dehors ! Ca va piquer !!! Car comme dans tous les déserts, une fois le soleil couché, les températures sont très fraîches. Je prends cette chambre pour ce soir et pars à la recherche d’une autre auberge pour les jours suivants.

Mon attention se porte sur l’hostal « Miskanty ». Il est parfait et sa gérante est d’une extrême gentillesse. Comme elle ne peut pas m'accueillir ce soir, elle me réserve une chambre qui sera prête demain matin à 10h pour que je puisse prendre une douche dans une véritable salle de bain. Et pour s’excuser de n’avoir aucune chambre libre ce soir, elle me baisse le prix de la location. Je n'en espérais pas tant ! 

La question du logement étant réglée, je pars échanger mes pesos argentins en pesos chiliens dans un bureau de change. Je m'arrête ensuite dans un petit restaurant « El Toconar » pour dîner. Ça ne paye pas de mine, mais l’accueil est parfait et la cuisine excellente. J'y passe un très bon moment avant de rejoindre mon lit. Je suis bien trop fatiguée pour aller dehors dans le froid et dans l’obscurité prendre une douche.
Je me suis endormie épuisée par cette journée en rêvant à ce que me réserve le désert d'Atacama et… à la salle de bain du Miskanty que je pourrai utiliser demain matin.