mercredi 30 avril 2014

Troisième et dernière incursion au Chili : départ pour San Pedro de Atacama

Lundi 18 mars, le jour est venu de dire aurevoir à l’Argentine et de rejoindre pour la troisième et dernière fois le Chili.  Après mes premiers pas en terre chilienne sur les rives du détroit de Magellan, puis mon retour pour visiter la capitale chilienne et ses villes balnéaires, c’est San Pedro de Atacama et son mythique désert qui m'attendent maintenant !

San Pedro de Atacama est une étape clé de mon voyage. Tout comme le glacier Perito Moreno vu en Patagonie argentine, le désert d’Atacama a été le sujet de nombreuses discussions quand j'étais en France. Mais mes sentiments sont partagés (comme bien souvent au cours de mon périple) entre l’excitation de ce qui m'attend à ma prochaine étape et le pincement au cœur quand je me remémore les belles rencontres et les beaux moments laissés derrière moi.

Ce matin, je vais mieux et c’est bien heureux car je dois partir de San Salvador de Jujuy et voyager quelques heures en bus avant de rejoindre San Pedro de Atacama. Il est 8h, je suis à la gare des bus et mon bus part dans 45 minutes. Alors, mon coéquipier en profite pour acheter de quoi boire et manger pour le trajet.

Pendant, ce temps je garde nos sacs et je reste assise sur un banc à lire un quotidien argentin. J’observe discrètement les autres voyageurs assis à côté de moi et tous ceux qui vont et viennent dans cette gare. Je crois bien que je suis la seule touriste. La majorité des voyageurs portent des paquetages ficelés avec une corde en guise de bagage.
La gare est en ébullition. Les vendeurs de boissons portant leurs glacières à bout de bras sont très sollicités : il n’est qu’un peu plus de 8h et il fait déjà très chaud. D'autres vendeurs de journaux et de sandwichs fait-maison vont et viennent dans les allées, entre les bus, et montent même dans les bus desquels ils redescendent alors que celui-ci a déjà commencé à rouler. Toujours assise sur un banc, je suis sortie de mes pensées par une femme qui s’est plantée debout juste devant moi et même au plus près de moi. Elle me regarde de haut avec insistance. Je relève ma tête et la fixe de la même manière : je ne sais pas si c’est la bonne chose à faire mais je ne veux pas laisser la crainte s’installer. Je crois qu’elle s’interroge sur moi, qu’elle se demande si je suis une Argentine ou une touriste et je sens bien qu’elle attend que je prononce quelques mots pour le savoir. Mais je ne dis rien en soutenant toujours son regard et au bout de quelques secondes, qui m’ont semblé être de longues minutes, elle tourne les talons. 

8h45, mon bus arrive. Il est déjà rempli de touristes provenant de San Miguel de Tucuman ou de Salta. Apparemment, j'étais seule à faire une un point d’arrêt à San Salvador de Jujuy. Pendant, le trajet, un assistant du chauffeur donne des conseils aux passagers pour supporter l’altitude (rester calme, respirer lentement, mâcher de la coca,…). En effet, plus nous roulons, plus nous nous engouffrons dans l'altiplano et plus nous prenons de l’altitude.

Je laisse derrière moi les roches aux multiples couleurs nées de l’érosion des Andes et les vallées de Cactus qui, à en juger par la tête de mort présente sur de petits panneaux plantés ça et là, sont truffées de mines. Il ne ferait pas bon se promener dans cet endroit d’autant plus que les champs de mines ne sont pas clôturés et les panneaux les signalant sont plantés de façon très éparse.




Désormais, ces paysages laissent place aux Andes et à ses cols de montagne qui me mèneront à la frontière. Mais avant, le bus entame sa lente et longue ascension pour rouler à près de 6 000 mètres d’altitude.


Durant ce trajet, plusieurs passagers sont gênés par l’altitude et j'assiste à des scènes impressionnantes : malaise, crise d’épilepsie,… De suite, ça met l’ambiance ! Heureusement, les pertes de connaissance ne durent que peu de temps, mais je languis de finir cette ascension car je commence à psychoter et à épier du coin de l’œil ceux qui m'entourent dans la crainte d’assister, à tout moment, à un remake de l’Exorciste.
Les 6 000 mètres d’altitude étant atteints, la descente de l’autre versant de la montagne m'amène à la frontière séparant l’Argentine du Chili. Le paysage évolue progressivement vers des étendues arides et désertiques où je peux même percevoir au loin des mini-tornades.


Me voici arrivée à la frontière : aurevoir l’Argentine et bonjour le Chili ! Dans la file d’attente pour le contrôle des bagages, je plaisante avec un Américain pour décompresser de l’hécatombe à laquelle nous avons assistée dans le bus. Mais la plaisanterie est de courte durée : alors que l’assistant du chauffeur de bus demande à un passager d’avertir son collègue de ramener l’oxygène de toute urgence, une passagère s’effondre à mes pieds et sa tête percute violemment le sol. Elle est prise en charge très rapidement par le poste de secours de la frontière et revient à elle au bout de quelques secondes.



La bonne nouvelle est qu’il n’est pas nécessaire de remonter dans le bus pour finir le trajet. Depuis le poste de frontière, je peux rejoindre San Pedro de Atacama en 15 minutes de marche. Et une fois n’est pas coutume, je suis même en avance sur l’heure d’arrivée du bus !

Me voici aux portes de la ville. San Pedro de Atacama est une oasis dans le célèbre désert d’Atacama, le désert le plus aride du monde situé à 2 438 mètres d'altitude au pied de la cordillère des Andes et à quelques kilomètres de la Bolivie. Son nom est composé, à la fois, de celui du saint patron San Pedro et d’« Accatchca », mot issu de la langue Cunza, transformé au fil des années en Atacama. San Pedro de Atacama a été conquise par l’Inca en 1450, puis par les colons espagnols en 1540.
A l’entrée de la ville, mon chemin croise celui des habitants qui vivent dans des maisons en adobe. L’adobe est un mélange compact composé d’eau, d’argile, de sable et de fibreuses telle que la paille qui, une fois compressé, forme des briques. C’est donc un décor unique qui s’offre à moi et que je n’avais jamais vu auparavant.



Malgré l’authenticité des lieux, plus je m'approche du centre ville et plus je découvre une ville exclusivement touristique assiégée par les agences, les bureaux de change, les auberges de jeunesse, les hôtels, les restaurants et les magasins de souvenirs.



Nombreux sont les touristes qui ont pris la précaution de réserver une chambre. Vous ne serez pas étonnés d’apprendre que je n'ai rien réservé :). Avec un couple de Français originaire de Pau avec qui j'ai sympathisé dans le bus, nous arpentons les ruelles de San Pedro de Atacama à la recherche d’un endroit où passer la nuit. Rapidement, nous abandonnons l’idée de trouver une auberge qui pourrait nous accueillir tous ensemble.
De mon côté, je trouve une chambre mais celle-ci est très étroite (le lit occupe quasiment l’intégralité de la pièce) et les douches sont dehors ! Ca va piquer !!! Car comme dans tous les déserts, une fois le soleil couché, les températures sont très fraîches. Je prends cette chambre pour ce soir et pars à la recherche d’une autre auberge pour les jours suivants.

Mon attention se porte sur l’hostal « Miskanty ». Il est parfait et sa gérante est d’une extrême gentillesse. Comme elle ne peut pas m'accueillir ce soir, elle me réserve une chambre qui sera prête demain matin à 10h pour que je puisse prendre une douche dans une véritable salle de bain. Et pour s’excuser de n’avoir aucune chambre libre ce soir, elle me baisse le prix de la location. Je n'en espérais pas tant ! 

La question du logement étant réglée, je pars échanger mes pesos argentins en pesos chiliens dans un bureau de change. Je m'arrête ensuite dans un petit restaurant « El Toconar » pour dîner. Ça ne paye pas de mine, mais l’accueil est parfait et la cuisine excellente. J'y passe un très bon moment avant de rejoindre mon lit. Je suis bien trop fatiguée pour aller dehors dans le froid et dans l’obscurité prendre une douche.
Je me suis endormie épuisée par cette journée en rêvant à ce que me réserve le désert d'Atacama et… à la salle de bain du Miskanty que je pourrai utiliser demain matin.

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