Lundi 18 mars, le jour est venu de dire aurevoir à l’Argentine et de rejoindre pour la troisième et dernière fois le
Chili. Après mes premiers pas en terre
chilienne sur les rives du détroit de Magellan, puis mon retour pour visiter
la capitale chilienne et ses villes balnéaires, c’est San Pedro de Atacama et
son mythique désert qui m'attendent maintenant !
San Pedro de Atacama est une étape clé de mon voyage. Tout comme le glacier Perito Moreno vu en Patagonie argentine, le
désert d’Atacama a été le sujet de nombreuses discussions quand j'étais en
France. Mais mes sentiments sont partagés (comme bien souvent au cours de mon périple) entre l’excitation de ce qui m'attend à ma prochaine étape et le
pincement au cœur quand je me remémore les belles rencontres et les beaux
moments laissés derrière moi.
Ce matin, je vais mieux et c’est bien heureux
car je dois partir de San Salvador de Jujuy et voyager quelques heures en
bus avant de rejoindre San Pedro de Atacama. Il est 8h, je suis à la gare
des bus et mon bus part dans 45 minutes. Alors, mon coéquipier en profite pour acheter
de quoi boire et manger pour le trajet.
Pendant, ce temps je garde nos sacs et je reste
assise sur un banc à lire un quotidien argentin. J’observe discrètement les
autres voyageurs assis à côté de moi et tous ceux qui vont et viennent dans
cette gare. Je crois bien que je suis la seule touriste. La majorité des
voyageurs portent des paquetages ficelés avec une corde en guise de bagage.
La gare est en ébullition. Les vendeurs de boissons
portant leurs glacières à bout de bras sont très sollicités : il n’est
qu’un peu plus de 8h et il fait déjà très chaud. D'autres vendeurs de journaux
et de sandwichs fait-maison vont et viennent dans les allées, entre les bus,
et montent même dans les bus desquels ils redescendent alors que celui-ci a
déjà commencé à rouler. Toujours assise sur un banc, je suis sortie de mes
pensées par une femme qui s’est plantée debout juste devant moi et même au plus
près de moi. Elle me regarde de haut avec insistance. Je relève ma tête et la
fixe de la même manière : je ne sais pas si c’est la bonne chose à faire
mais je ne veux pas laisser la crainte s’installer. Je crois qu’elle
s’interroge sur moi, qu’elle se demande si je suis une Argentine ou une
touriste et je sens bien qu’elle attend que je prononce quelques mots pour le
savoir. Mais je ne dis rien en soutenant toujours son regard et au bout de
quelques secondes, qui m’ont semblé être de longues minutes, elle tourne les
talons.
8h45, mon bus arrive. Il est déjà rempli de
touristes provenant de San Miguel de Tucuman ou de Salta. Apparemment, j'étais seule à faire une un point d’arrêt à San Salvador de Jujuy. Pendant, le
trajet, un assistant du chauffeur donne des conseils aux passagers pour
supporter l’altitude (rester calme, respirer lentement, mâcher de la coca,…).
En effet, plus nous roulons, plus nous nous engouffrons dans l'altiplano et
plus nous prenons de l’altitude.
Je laisse derrière moi les roches aux
multiples couleurs nées de l’érosion des Andes et les vallées de Cactus qui, à
en juger par la tête de mort présente sur de petits panneaux plantés ça et là,
sont truffées de mines. Il ne ferait pas bon se promener dans cet endroit
d’autant plus que les champs de mines ne sont pas clôturés et les panneaux les
signalant sont plantés de façon très éparse.
Désormais, ces paysages laissent place aux Andes et
à ses cols de montagne qui me mèneront à la frontière. Mais avant, le
bus entame sa lente et longue ascension pour rouler à près de 6 000 mètres
d’altitude.
Durant ce trajet, plusieurs passagers sont gênés
par l’altitude et j'assiste à des scènes impressionnantes :
malaise, crise d’épilepsie,… De suite, ça met l’ambiance ! Heureusement,
les pertes de connaissance ne durent que peu de temps, mais je languis de
finir cette ascension car je commence à psychoter et à épier du coin de
l’œil ceux qui m'entourent dans la crainte d’assister, à tout moment, à un remake de l’Exorciste.
Les 6 000 mètres d’altitude étant atteints, la
descente de l’autre versant de la montagne m'amène à la frontière séparant
l’Argentine du Chili. Le paysage évolue progressivement vers des étendues
arides et désertiques où je peux même percevoir au loin des mini-tornades.
Me voici arrivée à la frontière : aurevoir
l’Argentine et bonjour le Chili ! Dans la file d’attente pour le contrôle
des bagages, je plaisante avec un Américain pour décompresser de
l’hécatombe à laquelle nous avons assistée dans le bus. Mais la plaisanterie
est de courte durée : alors que l’assistant du chauffeur de bus demande à
un passager d’avertir son collègue de ramener l’oxygène de toute urgence, une
passagère s’effondre à mes pieds et sa tête percute violemment le sol. Elle est
prise en charge très rapidement par le poste de secours de la frontière et
revient à elle au bout de quelques secondes.
La bonne nouvelle est qu’il n’est pas nécessaire de
remonter dans le bus pour finir le trajet. Depuis le poste de frontière,
je peux rejoindre San Pedro de Atacama en 15 minutes de marche. Et une
fois n’est pas coutume, je suis même en avance sur l’heure d’arrivée du
bus !
Me voici aux portes de la ville. San Pedro de
Atacama est une oasis dans le célèbre désert d’Atacama, le désert le plus aride
du monde situé à 2 438 mètres d'altitude au pied de la cordillère des Andes et à quelques kilomètres de la Bolivie. Son nom est composé, à la fois, de celui du saint patron San Pedro et d’« Accatchca »,
mot issu de la langue Cunza, transformé au fil des années en Atacama. San Pedro
de Atacama a été conquise par l’Inca en 1450, puis par les colons espagnols en
1540.
A l’entrée de la ville, mon chemin croise celui
des habitants qui vivent dans des maisons en adobe. L’adobe est un
mélange compact composé d’eau, d’argile, de sable et de fibreuses telle que la
paille qui, une fois compressé, forme des briques. C’est donc un décor unique
qui s’offre à moi et que je n’avais jamais vu auparavant.
Malgré l’authenticité des lieux, plus je m'approche du centre ville et plus je découvre une ville exclusivement
touristique assiégée par les agences, les bureaux de change, les auberges de
jeunesse, les hôtels, les restaurants et les magasins de souvenirs.
Nombreux sont les touristes qui ont pris la
précaution de réserver une chambre. Vous ne serez pas étonnés d’apprendre que
je n'ai rien réservé :). Avec un couple de Français originaire de Pau
avec qui j'ai sympathisé dans le bus, nous arpentons les ruelles de San
Pedro de Atacama à la recherche d’un endroit où passer la nuit. Rapidement, nous
abandonnons l’idée de trouver une auberge qui pourrait nous accueillir tous ensemble.
De mon côté, je trouve une chambre mais
celle-ci est très étroite (le lit occupe quasiment l’intégralité de la pièce)
et les douches sont dehors ! Ca va piquer !!! Car comme dans tous les
déserts, une fois le soleil couché, les températures sont très fraîches. Je prends cette chambre pour ce soir et pars à la recherche d’une autre
auberge pour les jours suivants.
Mon attention se porte sur l’hostal « Miskanty ».
Il est parfait et sa gérante est d’une extrême gentillesse. Comme elle ne peut
pas m'accueillir ce soir, elle me réserve une chambre qui sera prête
demain matin à 10h pour que je puisse prendre une douche dans une
véritable salle de bain. Et pour s’excuser de n’avoir aucune chambre libre ce
soir, elle me baisse le prix de la location. Je n'en espérais pas tant !
La question du logement étant réglée, je pars échanger
mes pesos argentins en pesos chiliens dans un bureau de change. Je m'arrête ensuite dans un petit restaurant « El
Toconar » pour dîner. Ça ne paye pas de mine, mais l’accueil est parfait et la
cuisine excellente. J'y passe un très bon moment avant de rejoindre mon lit. Je suis bien trop fatiguée pour aller dehors dans le froid et dans l’obscurité
prendre une douche.
Je me suis endormie épuisée par cette journée en rêvant à ce que me réserve le désert d'Atacama et… à la salle de bain du Miskanty que je pourrai utiliser demain matin.
Je me suis endormie épuisée par cette journée en rêvant à ce que me réserve le désert d'Atacama et… à la salle de bain du Miskanty que je pourrai utiliser demain matin.
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