Lundi 11 février, le soleil brille alors direction le front de mer ! Sur mon trajet, je traverse des lotissements avec des maisons plus belles les unes que les autres. Les quartiers sont surveillés par des caméras et des gardiens postés dans des cabanes. Il semblerait que, dès lors qu`un Argentin vit dans un quartier résidentiel confortable, celui-ci soit très préoccupé par la sécurisation de ses biens. Il est fréquent de voir des grilles couvrant toute une fenêtre, y compris aux fenêtres des étages ainsi qu`une porte en fer qui se rajoute devant la porte d`entrée. Avec les caméras et les gardiens, j'atteins le niveau maximum de psychose que j'ai pu constater à ce jour ! Mais peut-être que je ne me rends pas bien compte de ce qui justifie le sentiment d`insécurité que ressentent les Argentins.
Ce qui est certain, c`est que l`attitude des médias y est pour beaucoup ! En effet, le moindre fait divers prend une ampleur incroyable ! Pour une agression ou un accident de la circulation, les médias récupèrent la vidéo filmée par les caméras de surveillance qui se trouvent sur les lieux pour diffuser les images en direct et en faire un événement spectaculaire. A cela, ils ajoutent l`interview des témoins et surtout l`interview des parents de la victime (moins d`une heure après l`événement), et tout ceci donne l`impression qu`un immense carambolage ou qu'une tuerie a eu lieu !
Arrivée en front de mer, à la Playa Grande, je suis agréablement surprise par la beauté du site. C`est bien plus beau et propre que le front de mer de la Playa de los Pescadores. Je commence à comprendre pourquoi les citadins affectionnent tant Mar del Plata.
Le seul hic est la présence sur la plage d`une multitude de cabanons en toile tous alignés à la verticale. J'ai eu beau essayer de saisir l`intérêt de ces cabanons mais je n`y suis pas parvenue. En effet, les Argentins passent leur journée à la plage sous ces cabanons, y installent une table et des chaises, des transats et y font leurs grillades. Ils s`y sentent bien car le cabanon est séparé par une toile de celui du voisin et ils peuvent ainsi s`isoler de la foule. Mais cet isolement me paraît incompréhensible car quel est l`intérêt de venir à la plage pour s`enfermer dans un cabanon en toile et ne pas voir l`océan ?
Je déjeune en terrasse et remarque des jeunes qui distribuent des lots aux enfants : sac de plage, frisbees, ballons,... Je vais à la rencontre de mes cadeaux et attends parmi les enfants, pour recevoir, moi-aussi un frisbee. Mais ce fut une grande déception quand les distributeurs remarquèrent que j'étais légèrement au-dessus de la moyenne d`âge et ne me donnèrent qu'un sac de plage :) Je me suis consolée en me rendant au stand de fruits, qui me faisait de l`œil pendant tout le déjeuner, pour manger de délicieuses salades de fruits et boire des jus de fruits frais. C`était vraiment ce qu`il me fallait pour me désaltérer et mon transit intestinal m'en a vivement remercié !
Requinquée, je décide de partir vers la réserve marine qui accueille un grand nombre de lobos marinos (lions de mer)! Pour cela, je dois me rendre sur les côtes les plus au sud et dépasser la Punta Mogotes. Sur mon trajet, je traverse le port très atypique de Mar del Plata qui est l`un des plus grands d`Argentine. Inauguré en 1922, le port est la partie de la ville qui accueilla les premiers immigrants d`origine italienne. Une statue de Jésus surplombe le port pour protéger les pêcheurs.
Les bateaux des pêcheurs très colorés sont amarrés en désordre. Ceci fait le charme de ce port de pêche.
Le port est également un lieu de négoce où de nombreux bateaux faisant de la pêche industrielle ramènent le fruit de leur sortie en mer.
Enfin, après avoir marché plus de 40 minutes sous un soleil de plomb, j'arrive à la réserve marine ! Je suis impressionnée par le nombre de lobos marinos, qui se retrouvent là, esplatarés sur le sable... à ne rien faire ! Je peux ressentir leur dynamisme et leur vivacité :). Heureusement, il y en a toujours un qui traîne péniblement ses 5 tonnes sur le sol pour aller embêter un de ses voisins. Mais aucune bagarre, cela demande trop d`effort ! Juste quelques grognements, quelques coups de nageoire qui ressemblent davantage à des caresses qu`à des coups. Voir un lobo marino se déplacer me fait penser à un animal qui aurait les pâtes arrières ligotées dans un sac. Je peux entendre l`eau qui remue dans son corps et qui fait un bruit semblable à celui d`un évier que l`on tente de déboucher à l`aide d`une ventouse !
Soudainement, deux lobos marinos se relèvent et collent leurs bustes l`un contre l`autre ! Je m'attends à un petit affrontement entre mâles mais la narcolepsie doit être bien plus forte que les pulsions animales ! Les deux lobos marinos glissent lentement et dégoulinent en corps à corps, jusqu'à reprendre leur activité favorite : dormir !
Je ne me lasse pas de les observer et m'imagine les discussions qui pourraient se cacher derrière leur grognement quand ils se relèvent lourdement et s`observent d`un regard vif. Cela pourrait ressembler à :
"- Tu fais quoi aujourd'hui ?
- Rien et toi ?
- Moi non plus. Rien du tout.
- Alors faisons rien ensemble ! "
Et il s`ensuit un long sommeil sur la plage, côte à côte.
L`heure est venue de retourner chez mon hôte, Lucas, chercher mes affaires pour rejoindre la station de bus et partir à Puerto Madryn ! Sur le chemin du retour, j`en profite pour me baigner dans l`océan atlantique. Je ne suis pas certaine de la propreté du lieu mais je ne peux pas résister quand je vois de l`eau !
Dans le jardin de chez Lucas, je croise d`autres lobos marinos tous aussi actifs que les précédents !
Une fois les sacs récupérés et les aurevoirs dits à mes hôtes, je me rends à la station de bus. Il est 20h et mon bus part à 21h45. J'ai donc largement le temps de dîner et d`attendre le bus sur le quai quelques temps avant son arrivée par précaution. Je suis certaine qu`à ce moment précis de votre lecture, vous voyez très bien ou je vais en venir et vous ne serez pas surpris si je vous dis que j'ai quand même raté mon bus !
Je suis sur les quais depuis 20h30 à attendre l`arrivée de mon bus. Celui-ci se gare juste devant moi mais je ne comprends pas qu`il s`agit du mien :) A ma décharge, j'ai sûrement le cerveau ramolli par le soleil et ce n`est pas le nom de la compagnie de bus qui est écrit sur le véhicule. En retournant au guichet, après 21h45, pour me renseigner sur un éventuel retard , j'apprends qu`il est déjà parti et que c`était le nom de la compagnie Don Otto qui figurait sur le bus et non pas la compagnie Patagonica comme cela était écrit sur mes billets. Je me suis faite avoir comme une bleue ! J'explique aux deux jeunes guichetiers qu`ils auraient pu m'avertir au moment de l`achat des billets. Un des guichetiers fait tout son possible pour me reclasser sur un autre bus mais toutes les places sont prises. Il sort de son guichet et fait le tour de toutes les autres compagnies de bus pour voir s`ils n`ont pas des places de libre pour moi, en vain. L`unique solution est d`attendre demain pour prendre le même bus à la même heure. Je suis verte mais j'apprécie la gentillesse des guichetiers qui sont restés avec moi plus d`une heure après la fin de leur journée de travail pour m'aider. Ils m'ont même pré-réservé une place dans le bus du lendemain sans changer les billets pour que je n`ai pas à payer les 90 pesos de frais de changement. Ils ont ensuite averti le chauffeur du bus pour qu`il rentre dans la combine et m'accepte le lendemain dans le bus avec des billets de la veille. Et tout ceci dans le dos de leur responsable qui aurait été sûrement intransigeant sur le paiement des frais !
Et me voilà repartie dans les rues de Mar del Plata à la recherche d`un logement. Comme à mon arrivée, tout est complet ! Après un long moment de porte à porte, je trouve enfin un hôtel qui a une chambre disponible mais il s`agit d`une chambre avec lit simple ! Chanceuse d`avoir trouvé quelque chose, je m'en contenterai.
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