Jeudi 14 février, 8h du matin, je pars à la découverte des terres sauvages et des animaux de la Réserve faunistique de la Péninsule Valdes. Je suis encore endormie quand je monte dans le bus mais les routes de Patagonie en ont décidé autrement : je ne dormirai pas !
Une fois sortie de Puerto Madryn, les routes se transforment en chemins de terre sur lesquels je laisse de longues traînées de poussière derrière mon passage.
Des troupeaux de guanacos arrêtés sur les bords de route me regardent passer sans sourciller. Ces herbivores, physiquement plus petits et plus fins que les lamas, sont habitués à la présence de l`homme dans leur milieu naturel. Même s`ils ne s`enfuient pas à l`approche du bus, je sens bien que je suis une intrus au cœur de cette vie sauvage. Je rencontre des guanacos qui se déplacent en groupe et forment une sorte de famille polygame composée d`un mâle dominant dont la principale préoccupation est de se reproduire avec les 6 à 16 femelles de son groupe. Il existe également deux autres modes de vie possibles pour les mâles : soit former un troupeau avec 30 à 100 autres mâles non reproducteurs (option moins intéressante), soit vivre solitairement (option choisie par les guanacos caractériels).
Il y a quelques années, le nombre de guanacos était en chute libre et cette espèce était menacée de disparition. Les autorités argentines ont donc réagi en classant les guanacos parmi les espèces protégées dont la chasse est interdite. Aujourd'hui, compte tenu de la reproduction massive de cette espèce, la tendance s'est totalement inversée ! Les autorités argentines réfléchissent donc à autoriser à nouveau la chasse. Peut-être pourrais-je manger un bifteck de guanaco avant la fin de mon voyage :)
Pour me rendre à la Péninsule Valdes, je longe le Golfe San José et aperçois la Isla des los Pajaros qui fut une source d`inspiration pour Antoine de Saint-Exupéry, lors de l`écriture de son oeuvre fantastique "Le Petit Prince". En effet, de 1929 à 1931, l`auteur se déplaçait en avion dans cette zone pour livrer le courrier à ses habitants. A la vue de cette île, l`auteur perçut la forme d`un boa qui eut avalé un éléphant.
En observant cette île, je mesure à quel point Antoine de Saint-Exupéry avait une imagination débordante entretenue par sa solitude et le monde imaginaire qu`il s`était créé : celui du "Petit Prince".
Je pénètre enfin la Péninsule Valdes, site sauvage de 4 000 km² classé au patrimoine de l`humanité de l`UNESCO. Je m'arrête dans la petite commune de 300 habitants de Puerto Piramides, unique lieu de vie humaine sur la péninsule. La vue sur le Golfe Nuevo y est magnifique !
Je reprends la route pour m'enfoncer davantage dans les terres de la péninsule. Sur mon trajet, je croise des troupeaux d`émeus, sorte d`oiseaux terrestres ressemblant fortement aux autruches. Les émeus peuvent courir jusqu'à 50 km/h. Ce sont les mâles qui couvent les œufs pondus par les femelles dans des nids pouvant accueillir 40 œufs.
J'observe ces animaux avec beaucoup d`amusement ! Leur démarche est très particulière : un mélange de nonchalance et de grâce. Les émeus ont également des comportements assez étranges. A l`approche d`un véhicule, elles paniquent et courent dans la direction du véhicule au lieu de s`en éloigner ! Heureusement, la réserve faunistique de la péninsule est un lieu protégé et aménagé pour éviter que les animaux ne se blessent : les émeus ne peuvent donc pas rejoindre la route. Ils sont stoppés dans leur course folle par des barrières. Les émeus doivent être des animaux têtus et un peu simple d`esprit car ils foncent sur la barrière, se retrouvent la tête coincée dedans et même dans cette position inconfortable, ils continuent à courir sur place ! Au bout de quelques secondes, l`animal comprend qu`il est coincé, dégage sa tête de la barrière et repart dans la direction opposée. C`est un véritable sketch !
Je poursuis ma traversée de la péninsule et soudainement, le bus s`arrête. Un tatou marchant sur le bas-côté attire mon attention. L`animal est adorable et ressemble à une grosse tortue grise avec des poils sur la carapace qui aurait mis un turbo pour avancer ! J'en avais déjà vu il y a quelques années de cela, lors de mon tout premier périple, en Australie. Le tatou se dirige vers la dépouille d`un lièvre qui a été percuté par un véhicule. C`est un jour de chance et de grand festin pour lui ! Je m'attends à ce que la mignonne petite bestiole se nourrisse de la viande de l`animal. Mais une lueur de vengeance éclaire son regard ! Frustré par tant d`années de comparaison avec la tortue et d`humiliation à cause de la célèbre fable "Le lièvre et la tortue", le tatou, dans un élan sadique, tente d`arracher l`œil du lièvre. Je vois le globe oculaire sortir de la tête de l`animal. Celui-ci est retenu par un nerf assez coriace. Mais le tatou ne se décourage pas ! Il persévère et tire sur l`œil de toutes ses forces au point de traîner le lièvre sur le sol. Tout à coup, le nerf se rompt et le tatou est récompensé de ses efforts : il peut s`en aller avec son butin tant mérité !
Je réalise que la nature m'offre vraiment ce qu`elle a de plus beau et que je viens de vivre une version inédite de la fable "Le lièvre et la tortue" revisitée par un petit tatou courageux et persévérant.
Je traverse les vastes étendues de steppe pour enfin rejoindre la côte est de la péninsule. Je m'arrête sur la baie Caleta Valdes. Ici réside une colonie de pingouins. Tout le monde est en adoration devant ces animaux qui vont et viennent sur la plage et creusent des terriers dans le sable pour s`y abriter.
Durant cette contemplation, je rencontre Anni, Allemande faisant des études de Droit à Buenos Aires et Ben, Argentin vivant à Ushuia et travaillant comme électricien auprès de la compagnie nationale d`électricité d`Argentine. C`est un réel plaisir de discuter avec eux et d`échanger les expériences que j'ai vécues depuis le début de nos voyages respectifs.
En observant les pingouins, nous sommes tous les trois à l`affût du passage d`une orque. Les orques parcourent actuellement les 5 000 km de côte qui s`offrent à elle. Donc, si, par chance, nous nous trouvons sur le lieu de leur passage, il ne faut surtout pas les rater ! Les orques se nourrissent notamment de pingouins. Ben espère que la colonie de pingouins les appâtera ! Avec Ben, nous imaginons un plan qui consisterait à kidnapper un pingouin, à le ligoter, pour l`agiter à la vue de l`orque. Anni préfère penser qu`une orque passera sans venir croquer de pingouins. Au final, aucun sacrifice n`a lieu et aucune orque ne nous rend visite !
En observant les pingouins, nous sommes tous les trois à l`affût du passage d`une orque. Les orques parcourent actuellement les 5 000 km de côte qui s`offrent à elle. Donc, si, par chance, nous nous trouvons sur le lieu de leur passage, il ne faut surtout pas les rater ! Les orques se nourrissent notamment de pingouins. Ben espère que la colonie de pingouins les appâtera ! Avec Ben, nous imaginons un plan qui consisterait à kidnapper un pingouin, à le ligoter, pour l`agiter à la vue de l`orque. Anni préfère penser qu`une orque passera sans venir croquer de pingouins. Au final, aucun sacrifice n`a lieu et aucune orque ne nous rend visite !
Je reprends la route en direction de la Punta Delgada située au sud de la péninsule. J'y trouve des éléphants de mer avec une multitude de jeunes éléphanteaux âgés de 3 mois. A la différence des lions de mer, les éléphants de mer appartiennent à la famille des phoques et non pas des otaries. Ils n`ont pas de poils et possèdent une courte trompe en guise de museau.
J'achève ma découverte de la péninsule et de sa réserve faunistique en me rendant au nord à Punta Norte. J'y retrouve les lobos marinos (lions de mer) vus à Mar del Plata toujours en grande forme et toujours aussi actifs. Le plaisir de les observer est intact ! Anni et moi sommes impressionnées par le cri des jeunes éléphanteaux qui est semblable à celui d`un agneau.
Me voilà de retour à Puerto Madryn avec de belles images plein la tête ! Après une telle journée, je suis contente de retrouver le confort que m'offre la Casa de Tounens et de raconter mes aventures à Vincent, le maître des lieux. Fatiguée mais heureuse, je pars me promener avec Cyriaque et Sylvain sur le front de mer. Nous finirons notre soirée ensemble, dans la joie et la bonne humeur, autour d`une bonne bière !
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