Mardi 5 mars, je me réveille bien plus tard que je l'avais prévu. En effet, la nuit passée à l’auberge La Casa Roja
a été très agitée et je n'ai quasiment pas dormi. Heureusement, il est
toujours temps de prendre un petit-déjeuner dans le jardin, au soleil et … au
bord de la piscine :) Les rayons du soleil m'annoncent que
je serai vraiment bien au bord du Pacifique.
Je rassemble ensuite mes affaires pour
rejoindre la gare des bus et attraper celui qui nme mènera à l’océan ! Il
est 13h30 quand je quitte Santiago. Le trajet dure seulement 2h30 et j'arrive à Vina del Mar à 16h. Tout est relatif mais pour moi qui parcours depuis plus d’un mois des milliers de kilomètres et passe des nuits entières
dans des bus, 2h30 de trajet, c’est comme un aller-retour à pied pour la
boulangerie !
Me voici donc à Vina del Mar, station balnéaire
de 299 000 habitants, très prisée par les habitants de Santiago durant les
mois d’été. A mon arrivée, j'ai quelques heures devant moi avant de
rejoindre Jonathan, un étudiant chilien en faculté de droit contacté par le
biais du site internet couchsurfing. Je me languis de le rencontrer et
espère partager de bons moments avec lui.
En attendant, je décide de me rendre dans un
centre commercial. En chemin, je suis interpellée par deux Français (père
et fils) qui ont reconnu mon pays d’origine à la vue de la célèbre marque de
sport inscrite sur mon sac à dos. Nous partons tous ensemble boire un verre
sur la terrasse d’un bar. Le père est d’origine chilienne et a quitté son pays
durant la dictature. Il m'explique que, pendant plusieurs années, il ne
pouvait pas rentrer au Chili et qu’il considère désormais que la France est son
pays. Il ne revient dans son pays d’origine que pour rendre visite à sa fille
et à ses petits-enfants. Je sens bien que son passé est encore douloureux
et je n’ose pas poser davantage de questions. Nous discutons ensuite de
l’économie française, chilienne et argentine et des multiples destinations de
mon périple. Nous passons de bons moments ensemble mais il est temps de
rejoindre Jonathan devant la galerie Falabella (galerie semblable aux Galeries
Lafayette).
Jonathan arrive et nous prenons un bus de ville
pour se rendre à son domicile situé à quelques kilomètres de Vina del Mar, à
Renaca. Dans le bus, la discussion et les rires fusent. Il me semble
connaître Jonathan depuis toujours car l’entente est parfaite. Il m'accueille dans la demeure où il vit avec son père et me montre ma chambre.
Jonathan a deux chats qui se prélassent sur le canapé comme des pachas. L’un d’eux
ne cesse de lécher ma main : il semblerait qu'il trouve la viande française
à son goût !
Au journal télévisé, je vois les images des
manifestations menées par les étudiants dans les rues de Santiago : ils
revendiquent la gratuité des études universitaires. En effet, Jonathan m'explique que les études universitaires sont extrêmement onéreuses à un point
que certains Chiliens partent étudier en Argentine car cela reste moins cher
même s’il faut payer un voyage et un appartement. De nombreux Chiliens
dénoncent le fait qu’ils n’ont pas les moyens de s’inscrire à aucune faculté ou
de partir étudier à l’étranger et qu’ils sont ainsi privés de la possibilité de
construire un avenir décent.
Je pars ensuite me coucher car demain est
une longue journée.
Mercredi 6 mars, à mon réveil, Jonathan a la
gentillesse de me préparer le petit-déjeuner. Comme il ne doit pas se rendre
en cours ce matin, il me propose de me faire une petite visite guidée du
front de mer de Vina del Mar.
Cette partie de la ville est plus attrayante que le
centre ville où j'étais hier. Je m'arrête devant la célèbre horloge
de Vina del Mar réalisée uniquement avec des fleurs.
Il fait bon se promener en compagnie de Jonathan et des innombrables
pélicans qui ont élu domicile sur le front de mer.
La balade se poursuit gaiement et au son de nos
rires car Jonathan ne cesse de surenchérir dans les blagues en tout
genre. Nos pas nous amènent à croiser la maison de vacances du Président Sebastian
Pinera, lequel est réputé profiter de son mandat présidentiel pour acquérir de
nombreux biens immobiliers et préparer ses vieux jours.
Jonathan m'accompagne ensuite au bus qui me mènera à Valparaiso. C’est ici que nos chemins se séparent… du moins jusqu’à ce
soir ! Le bus que j'emprunte roule à toute vitesse !!! En fait,
les conducteurs sont rémunérés à la course, donc plus ils font de trajets, plus
de voyageurs montent et descendent du bus, et plus la paye est élevée. Donc, il
faut bien se cramponner car ça décoiffe !
Me voici arrivée à Valparaiso. Dès mes premiers
pas, je suis sous le charme de cette ville qui mérite amplement son surnom
de « Perle du Pacifique ». Je suis au centre ville, au pied de la
mairie.
Alors que je suis entourée de bus qui roulent à
toute vitesse en direction des villes voisines de Valparaiso, les bus de ville
sont, bien au contraire, calmes et silencieux. Ce sont, en fait, des trolleybus
qui circulent sur des réseaux électriques. Avec leur design retro, ils contribuent
au charme de Valparaiso.
Valparaiso est une ville surprenante. Dotée du port
le plus important du Chili, la ville s’est construite le long de son rivage
pour ensuite s’étendre dans les collines. Je décide de grimper un peu et de m'aventurer dans les montées escarpées et colorées de Valparaiso qui me font penser à celles de Lisbonne.
Au fur et à mesure de mon ascension, je découvre une vue splendide sur le port et sur la ville.
Je décide de poursuivre ma route vers la maison
de Pablo Neruda, prénommée La Sebastiana. Cette maison, perchée sur le Cerro
Bellavista (mont Bellavista), porte la signature de l’artiste qui a été, tour à
tour, un poète, un penseur, un diplomate… mais surtout, un révolutionnaire.
Ceci lui a valu de s’exiler en Europe pendant 10 ans. Mais La Sebastiana est
toujours restée un lieu d’encrage et d’inspiration pour Pablo Neruda. Cette
maison lui permettait de se ressourcer et de développer sa créativité.
Le poète révolutionnaire est décédé le 23 septembre
1973, soit 12 jours après le coup d’état du Général Augusto Pinochet à
l’encontre du Président Salvador Allende. Officiellement, Pablo Neruda a
succombé à un cancer de la prostate. Certains affirment qu’en réalité, le poète
a reçu une injection létale lors de son séjour dans une clinique de Santiago.
Ces faits se seraient produits la veille du jour du départ du poète au Mexique
et par crainte que celui-ci témoigne des crimes existant sous le régime
dictatorial. Le corps du poète a été exhumé cette année (2013) pour faire la
lumière sur les circonstances de sa mort.
Peu de temps après sa disparition, La Sebastiana
est devenue le symbole et le point de rassemblement des opposants à la
dictature de Pinochet. En témoignage de son époque, Pablo Neruda nous a laissé
les écrits suivants :
« Dans
ma patrie, on emprisonne les mineurs et le soldat commande au juge.
Mais
j’aime, moi, jusqu'aux racines de mon petit pays si froid. »
(extrait du « Chant
général » qui a été récompensé par le prix Nobel de littérature en 1971)
Après cette visite, je me suis attablée dans un
petit restaurant tenu pas deux dames chiliennes qui me servent une soupe-maison
délicieuse. Puis je repars dans les rues de Valparaiso. J'emprunte une des rues qui fait la notoriété de Valparaiso en raison de la beauté de ses
lampadaires.
Et puisque je ne suis pas avare de kilomètres
parcourus, je descends la colline pour la remonter à l’aide de l’un des 9
ascenseurs implantés à différents endroits de la ville. Cette montée se fait à
l’aide d’un embarquement qui ressemble davantage à une cabane en bois qu’un
ascenseur.
Assez de rêveries, me voilà repartie à la
recherche de mon bus de ville qui me ramène à Renaca, le village où habite
Jonathan. Sur le trajet qui me mène à sa maison, j'achète des fruits qui
ressemblent à des poires mais qui ont le goût d’un melon d’eau. Un vrai
délice !
A mon arrivée, j’aide Jonathan à résoudre
un cas pratique relatif aux régimes matrimoniaux. On s’amuse à comparer les
régimes juridiques de nos deux pays. Je sais que s’amuser en faisant ce genre
de chose paraît bizarre, mais les juristes qui n’en demeurent pas moins des
gens étranges, me comprendront :).
Jonathan me propose de l’accompagner à une soirée
dans un bar-tapas de Vina del Mar où il a rendez-vous avec d’autres chiliens
également inscrits sur couchsurfing. Je rencontre des personnes très
sympathiques et passe une agréable soirée en leur compagnie. Il me semble
être montée dans la doloréane de « Retour vers le futur » car cela
fait à peine quelques jours qu’il est interdit de fumer dans les bars ou les
discothèques. J'assiste à des réactions semblables à celles que j'avais connues il y a de ça quelques années et je peux leur prédire que cette
interdiction s’inscrira rapidement dans les mœurs.
Jeudi 7 mars, c’est ma dernière journée en
compagnie de Jonathan, muuuuuuuu ! Pour terminer en beauté, Jonathan et mon coéquipier décident de se mettre aux fourneaux pour préparer un copieux petit-déjeuner.
Deux hommes me préparant à manger, c’est plus que ce que j’aurais pu souhaiter.
Alors je me tais (des fois qu’ils changeraient d’avis) et je savoure cet
instant :).
Tous ensembles nous partons nous promener dans un
bosquet tout près de la maison de Jonathan. Puis, nous nous rendons sur une des
plages de Renaca pour admirer l’océan et immortaliser notre rencontre.
L’après-midi passe à vive allure et me voilà déjà
sur le point de repartir pour de nouvelles aventures ! Je souhaite revenir en Argentine pour visiter le centre et le nord du pays et plus particulièrement
Mendoza ! Mon bus m'attend : départ annoncé pour 22h30.
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