Lundi 11 mars, je décide de prendre un bus pour
le nord de l’Argentine en fin d’après-midi. J'ai donc le temps de faire
une grasse matinée, une dernière toilette dans une salle de bain digne de ce
nom et de récupérer mes habits fraîchement lavés. Bref, j'ai remis les
compteurs à zéro et je suis toute neuve et prête pour partir à la conquête
de l’Altiplano !
Mais ne nous emballons pas si vite ! Car c’est
sans compter sur mes talents de galérienne qui resurgissent rapidement une fois
sortie de chez Naty. Je suis toujours à Chacras de Coria et j'attends
le bus qui me mènera à Mendoza. Je suis confiante car je l’ai pris
hier pour visiter la ville.
Dans le bus, je suis amusée de voir tous ces collégiens
portant les uniformes de leur école et leur tête blasée à l’idée d’y aller.
Mais qui dit collégien, dit… bus scolaire ! Tout à coup, je réalise que le trajet est différent de celui de la veille et que je ne suis pas
dans le même bus ! Voilà, ça m'apprendra à me moquer :)
Heureusement, un passager m'indique où m'arrêter pour être au plus près du centre-ville. C’est dans ces moments-là que
j'apprends à mes dépens que la notion de distance est relative. Car, je me retrouve près du centre ville de Mendoza, à quelque chose comme trois-quarts
d’heure de marche !
Allez, c’est parti et puis, au point où j'en suis, ce n’est pas trois-quarts d’heure de marche qui vont m'effrayer ! Cette balade impromptue me donne l’occasion de découvrir
d’autres quartiers de Mendoza et d’assister à l’effervescence citadine des
lundis.
Me voici arrivée à la gare des bus. Je recherche celui qui me mènera dans l’Altiplano. Quand j'étais en France
et que je rêvais de ce voyage, l’Altiplano, tout comme la Patagonie argentine,
faisait parti des lieux que je me languissais de découvrir ! Pour la
Patagonie, c’est fait ! Maintenant, place à l’Altiplano !
Mais quand je me renseigne sur le nombre
d’heures de trajet pour se rendre dans l’Altiplano, je réalise à quel
point le nord de l’Argentine est
vaste ! Je décide donc de fractionner le trajet et de m’arrêter à
San-Miguel de Tucuman. Mon bus part à 19h30. J'ai repéré un grand parc près
de la gare de bus : ce sera plus sympa pour attendre l’heure du départ.
Mais une fois arrivée, les lieux ont été laissés à l’abandon et sont mal fréquentés.
Je retourne à la gare de bus pour de longues
heures d’attente… Je pars acheter des magazines. Dans la librairie, en se
penchant sur les magazines, je sens une présence dans mon dos. Je me décale sur ma droite et la personne fait de même. Cela ne fait plus de doute : il
s’agit bien d’un pickpocket ! Je me retourne brusquement et le pickpocket,
pris de court, feint de s’intéresser à un magazine avant de prendre ses jambes
à son cou ! Heureusement, il n’a pas eu le temps de passer à l’acte.
Il est 19h30 et me voici partie pour plus de 14h
de route et pour passer la nuit dans un bus ! Le trajet se passe bien mais
la nuit est fraîche et le sommeil est difficile à trouver en ayant froid et en
respirant les délicieuses odeurs de pieds qui embaument l’air ambiant :)
Mardi 12 mars, 10h, j'arrive à San Miguel de
Tucuman. Cette ville coloniale, dont les murs sont chauds et gorgés d’histoire,
possède une âme. C’est indescriptible mais dès mes premiers pas, je ressens que ce lieu est le témoin d’une époque et que ses pierres en
conservent tous les secrets. San Miguel de Tucuman est une ville fière du rôle
majeur qu’elle a joué dans l’histoire de son pays. En effet, la Bataille de
Tucuman des 24 et 25 septembre 1812 est la plus grande victoire de l’armée
patriotique contre les colons espagnols de l’histoire de la Guerre pour
l’Indépendance de l’Argentine. C’est la ville où les patriotes sont parvenus à
repousser les colons de manière durable et conséquente.
Le 9 juillet 1816, San Miguel de Tucuman étant
devenu le fief des patriotes, c’est tout naturellement son congrès qui proclame
la Déclaration d’Indépendance du pays nommé dans un premier temps, las
Provincias Unidas del Rio de la Plata (les Provinces unies du fleuve de la
Plata) puis la Republica Argentina (République d’Argentine). C’est également en
ce lieu que la Constitution d’Argentine est adoptée en 1819.
Je pars à la recherche d’un endroit où je passerai la nuit. Certains établissements référencés dans mon guide sont
fermés et c’est un peu par hasard que je me rends dans l’hostal Juan
Carlos Dominguez. Les lieux sont modestes, la literie n’est pas des plus
confortables mais c’est propre et surtout le propriétaire est accueillant et
très respectueux. Je peux lui laisser mes affaires sans crainte et partir
à la découverte de San Miguel de Tucuman !
Mes pas me mènent ensuite à la Casa Historica de
la Independencia (Maison historique de l’Indépendance) devant laquelle des
panneaux expliquent l’histoire des monuments de la ville et quelques sculptures
y sont entreposées ça et là.
La Casa Historica de la Independencia, classée
monument national depuis 1941, abrite le Congrès, un musée, des archives de
l’époque coloniale (photos, documents et articles de journaux de l’époque
coloniale) et bien sûr, la fameuse Déclaration d’Indépendance ! Les lieux
sont splendides et remplis d’émotion.
Deux autres murs reconstituent deux scènes
historiques. Le premier est consacré à la Révolution de Mai, quand les Argentins
décidèrent, le 25 mai 1810, d’être indépendants de fait à l'égard de l’Espagne.
Sortie de la Casa Historica de la Independencia,
je me promène dans le centre-ville à la recherche d’un lieu où je pourrai manger un morceau. Aussi étrange que cela puisse paraître c’est à la
Biblioteca Popular Alberdi (Bibliothèque Populaire Alberdi) que je m'arrête pour dîner. Située face à une université, cette bibliothèque qui porte
le nom d’un théoricien diplomate Argentin né à San Miguel de Tucuman (Juan
Bautista Alberdi) fait également office de restaurant universitaire.
J'assiste aux défilés des professeurs qui se
rejoignent ici pour corriger leurs copies et des étudiants qui viennent
réviser. Des cours du soir y sont même organisés : ce soir, le thème
abordé est l’obtention d’une reconnaissance de paternité. La salle est pleine à
craquer, à croire que le sujet est un phénomène de société…
Après m'être attardée dans cette jolie
bibliothèque, je découvrons San Miguel de Tucuman de nuit. Les illuminations
de la Plaza Independencia (Place de l’Indépendance) sont sublimes. Mon attention se porte sur l’impressionnante Casa de Gobierno (Maison du Gouvernement).
A deux pas, se trouve également la très jolie
Iglesia Catedral où les gens affluent de tout côté pour assister à la messe du
soir pendant cette période de Carême.
Je demande mon chemin à une mère accompagnée
de sa fille qui m'indique surtout les rues par lesquelles il ne faut pas
passer. De suite, ça met l’ambiance… Car, en effet, nombreuses sont les rues
qui, une fois la nuit tombée, se transforment en lieux de trafic en tout genre.
Je remarque un junky dans un coin de la rue qui se brûle le visage avec un
briquet. Je me dis qu’il est vraiment temps de rentrer à l’hôtel.
Et je vous rassurons, j'y suis parvenue. Le
personnel de l’hostal Juan Carlos Dominguez est toujours autant adorable. Je rejoins ma chambre mais je ne dormirai pas à poing fermé cette nuit.
Il est difficile de trouver le sommeil quand dehors des personnes de plus de 80
ans, à bout de force, parviennent à peine à tenir leur gobelet et à parler pour
demander un peu d’argent. J'ai donné ce que j'avais sur moi,
autrement dit pas grand-chose pour améliorer leur condition. J'y repense et j'ai juste envie de pleurer.
Mercredi 13 mars, le personnel de l’hostal Juan
Carlos Dominguez accepte de garder mes affaires pour la journée et, avec
beaucoup de gentillesse et de dévouement, le gardien m'affirme qu’il restera
toute la journée à côté de mes affaires s’il le faut.
Je retourne à la Biblioteca Popular Alberdi
pour prendre un petit déjeuner et sur la Plaza Independencia.
Puis je décide de faire quelques emplettes. Mon coéquipier achète l’emblème de San Miguel de Tucuman pour l’offrir à son collègue dont le grand-père
est originaire de cette ville et pour ma part, je craque pour la
Pachamama que j’offrirai à Audrey et Julien. La Pachamama est la Déesse Terre-mère
pour les peuples Quechua et Aymara. Elle protège la famille de ceux qui l’honorent.
Les heures passent à toute vitesse et il est déjà
temps de retourner à l’hôtel pour récupérer mon sac et rejoindre la gare des
bus. Celle-ci possède un centre commercial et plus particulièrement un magasin
de jouets qui retient mon attention. Sans mauvais jeux de mots, vous
comprendrez pourquoi j'ai ris à la vu du jeu Monopolio.
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