Sur la route 40...

Lundi 25 février, je me réveille à El Chalten et m'empresse d`avaler mon petit-déjeuner. En effet, un bus m'attend pour deux jours de trajet sur la route 40 qui prendront fin une fois arrivée à San Carlos de Bariloche, ville située dans la région des sept lacs. Cette route nationale est incroyable car elle traverse une bonne partie de l`Argentine, du sud-ouest jusqu'au nord-ouest.

Pendant le petit-déjeuner, j'aperçois Dan à travers la fenêtre, un Israelien rencontré à Puerto Natales. Il passe tranquillement dans la rue, juste sous mes yeux. En étant loin de mes proches, vous pouvez imaginer que c`est toujours un plaisir de retrouver des personnes avec qui j'ai partagé de bons moments. J'interpelle Dan qui est agréablement surpris de croiser à nouveau mon chemin. Les retrouvailles sont chaleureuses mais malheureusement, je n'ai pas le temps de m'attarder. Il me faut rejoindre la station des bus sans traîner si je veux être à l`heure !

Il est 9h et me voilà partie pour deux jours de trajet avec la compagnie Chalten Travel. Le bus est effroyablement vieux et inconfortable : je suis secouée comme un prunier à chaque pierre ou trou rencontré sur la route. Et autant vous dire que la route 40 ressemble davantage à un chemin de terre qu`à une route et n`est pas avare en pierres et trous en tout genre ! L`accompagnateur me rassure en  m'affirmant que nous aurons demain un autre bus, plus neuf et plus confortable.

Heureusement, le trajet est agrémenté de discussions avec des personnes très sympathiques, dont un couple de paysans français qui appartient au réseau "Accueil paysans". Ce réseau d`envergure internationale permet à toute personne, désireuse de s`immerger dans la vie quotidienne du paysan, de résider quelques jours à la ferme, d`accompagner et d`aider son hôte dans ses activités quotidiennes moyennant une participation financière. 

J'ai également le plaisir de discuter avec un couple de Bordelais venus en Amérique latine pour faire du Wwoofing. Le Wwoofing consiste à être accueilli par un hôte qui offre la nourriture et l'hébergement en échange d'une assistance en maraîchage, d'activités de jardinage, ou de tout autre travail agricole. Ce couple de Wwoofers écrivent également un blog , "Las rutas argentinas" (lasrutasargentinas.wordpress.com), pour partager leurs expériences. Après lecture de plusieurs articles, je ne peux que vous recommander d`aller y jeter un coup d’œil. C`est très bien écrit par Marjory, agréable à lire et intéressant pour avoir un retour d`expérience sur le Wwoofing.

Malgré les conditions de voyage un peu sommaire, la route 40 tient toutes ses promesses : les steppes qui nous entourent et la vue sur la cordillère des Andes m'offrent de sublimes paysages.

Il est environ 16h, cela fait plusieurs heures que je roule à travers la province de Santa Cruz et j'achève ma première journée de trajet. Je suis arrivée dans la petite ville de Perito Moreno. La compagnie Chalten Travel a prévu un hôtel, l'Hotel Belgrano, où je passerai une nuit avant de reprendre la route le lendemain matin. A mon arrivée, je suis choquée de voir le gérant de l`hôtel faire passer ses clients en file indienne et se tenir en haut de la file pour encaisser l`argent au moment de leur passage. "Bonjour" et "merci" ne sont pas de rigueur. Les seuls mots qui sortent de sa bouche sont "c`est au fond à gauche" pour m'indiquer où se trouve mon dortoir. Face à autant d'égard envers ses clients, je n'ai pu résister à l'envie de lui trouver un surnom tendre et affectueux en adéquation avec son physique et son comportement : "le gros porc" (et encore, je me suis contenue...).

Je profite ensuite de cette fin d`après-midi pour me promener sur l`unique avenue de la ville et autour d`un plan d`eau, infesté de moucherons et de moustiques, qui ressemble à un étang artificiel. Je fais rapidement le tour de la ville. Il existe bien un site avec des peintures rupestres "à proximité" de la ville mais dans l`arrière-pays, la proximité représentant deux heures de route environ :)

Après avoir dîné, je rejoins le bar de mon hôtel pour boire un verre. Le café ressemble à un PMU avec le charmant gérant de l`hôtel qui se tient derrière le bar et qui porte davantage d`intérêt à l`anatomie de sa serveuse qu`à ses clients. 

Bien que les conditions de voyage et l`hôtel soient de mauvaise qualité, je garde le sourire. Je suis heureuse d`arpenter la route 40 et je rêve à ma destination. 

Mardi 26 février, 7h45, je suis prête à partir ! J'ai passé une nuit en dortoir dans le calme mais dans le froid. La douche était aussi une partie de plaisir compte tenu du froid ambiant qui règne dans l`hôtel.

Après quelques heures de trajet, je quitte la province de Santa Cruz pour rouler à travers celle du Chubut. Je fais un arrêt à Rio Mayo pour le déjeuner. Ce village semble encore plus isolé que Perito Moreno ! Les deux seules rues en terre qui se croisent sont désertes. Les maisons et les commerces se comptent sur les doigts de la main. Mais tout ceci fait partie du charme de la route 40 : ici, la nature est reine et la vie humaine s`y fait rare.

Je reprends la route à travers la province du Chubut. Les paysages sont tout autant sublimes que ceux de la veille.

Je fais un arrêt pipi dans une estancia proche de la ville de José de San Martin.

J'entame alors la dernière partie de mon trajet. J'ai traversé toute la province du Chubut pour rejoindre celle du Rio Negro. Le paysage change progressivement et devient de moins en moins aride. J'aperçois un train qui roule à travers champs et disparaît au loin, dans les hautes herbes. 

Tout au long de notre trajet, je rencontre fréquemment des maisonnettes en bois qui sont, en réalité, des hôtels religieux dressés en mémoire aux victimes d`un accident de la route.

Il est 19h et j'arrive enfin à San Carlos de Bariloche. Je suis à peine descendue du bus que je ressens un changement de climat : me voilà à nouveau en été, quel bonheur ! Je me rends à l`office de tourisme pour récolter quelques prospectus et la liste des auberges de jeunesse ayant des chambres disponibles. Je choisis l`auberge San Francisco, située à proximité du centre ville, et présentant un bon rapport qualité-prix. En rejoignant l`auberge, je découvre une ville dont l`architecture et l`atmosphère me rappellent les petites villes montagnardes des Alpes. Je me languis demain de partir à la découverte de San Carlos de Bariloche !